Objets connectés : vers les interfaces de demain

En ce début d’année 2015, le mot « Big Data » a laissé sa place à celui « d’objets connectés » qui ont envahi petit à petit notre quotidien. Mais peu arrivent encore à cerner la réelle définition de l’Internet des objets, ni les enjeux qui en découlent. 

Des objets connectés de plus en plus nombreux

Présents et élevés au rang de stars lors du Mobile World Congress et du Consumer Electronic Show de Las Vegas, les objets connectés sont de plus en plus présents dans le quotidien des français. Souvent précurseurs, les jeunes de 18 – 24 ans sont déjà 14 % à en utiliser et 5 millions de personnes au total en feraient déjà usage. D’après le cabinet d’étude Gartner, 30 milliards d’entre eux seront présents dans le monde en 2020 et le secteur de l’Internet des objets devrait peser pas moins de 1 900 milliards de dollars à cet horizon. Des chiffres qui ont déjà incité de nombreuses entreprises à investir dans ce domaine. L’IDATE estimait quant à elle, en septembre 2014, que « 80 milliards de choses » seraient connectées à l’horizon 2020, contre 4 milliards en 2010. Cette fulgurante ascension trouve son origine dans l’avènement de l’Internet haut débit et des terminaux mobiles servant d’écrans de contrôle.

Une définition encore vague

Mais si la conception semble évidente, on pourrait avoir tendance, par volonté de simplification, à placer dans la case des objets connectés tout ce qui est relié à Internet, y incluant même nos smartphones voire les Google Glass, alors qu’ils n’en sont pas en réalité. On note une distinction puisque l’on entend par objet connecté, tout produit qui ne possède pas l’électronique pour se connecter directement à Internet. Celui-ci utilise un relais pour se connecter, comme un smartphone, une tablette ou encore une box Internet. Selon l’IDATE, il se différencie ainsi de deux autres catégories de produits connectés : les « terminaux communicants » (Smartphones, tablettes…) et le « Machine-to-Machine » (dit aussi M2M : communication entre objets sans besoin d’intervention humaine).

Les secteurs impactés

Ils ont d’abord été développés dans les domaines du sport et de la domotique. Bien sûr, l’ensemble des secteurs devrait être touché par cette révolution. C’est d’ailleurs depuis longtemps le cas dans des domaines comme la sécurité, l’habillement, la bijouterie, l’enfance ou encore le multimédia. La santé et le bien-être sont aussi concernés puisque les balances connectées ont vu le jour au même titre que les bracelets d’activité. L’énergie est également un secteur impacté par cette tendance, si l’on prend l’exemple des maisons dont la température peut être contrôlée à distance (thermostats connectés). Quant au secteur automobile, inutile de mentionner que la connexion des voitures est déjà à l’étude. Une révolution prônée par Google qui a lancé l’Open Automotive Alliance cherchant à réunir les constructeurs automobiles comme Honda ou Général Motors au service de ce projet.

Une diversité des objets

Les exemples sont légion : balances (6 % des français en sont équipés, grâce à celle de la start-up Withings), tensiomètres et traqueurs (2 %) qui vous offrent un suivi en direct de votre état de santé, montres, drap chauffant qui analyse la qualité de votre sommeil, objets qui rendent vos vélos connectés grâce aux pédales, outils pour mesurer le taux d’insuline des diabétiques… Si la bonne santé et le dynamisme apparent du secteur sont des réalités, les acteurs du monde ont tout de même des enjeux à relever pour élargir le marché.

L’impact de la data sur les systèmes d’information

Même s’il ouvre de réelles opportunités pour le business, ce nouveau monde n’en est qu’à ses balbutiements. De nombreuses questions se posent sur les business models qui vont en découler, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la data collectée. La sécurité et la confidentialité des données posent déjà problème, dans le contexte actuel où la CNIL inflige de nombreuses amendes pour non-respect des règles. Le volume d’informations fait réapparaître le terme « Big Data », car l’explosion des données qui découlent des objets connectés devra donner lieu à un traitement et une exploitation de ces informations. Une étude récente montre que la sécurité ne constitue pas le principal frein à l’émergence des objets connectés. La limite principale se situerait plutôt dans le « manque de conviction dans l’efficacité de la mesure (50 %) » alors que la notion de confidentialité n’arriverait qu’en deuxième position (29 %). Elle démontre bien que l’enjeu sera de développer des objets qui répondent à un réel besoin, plutôt que des objets gadgets sans réelle utilité.

Les défis du monde des objets connectés

Mais si la bataille fait rage, il reste quelques défis à relever pour faire du marché des objets connectés un écosystème mature. D’abord, il faut travailler l’interconnexion des objets entre eux, qui nécessitera un échange d’informations sans avoir besoin de passer par un tiers. Dans le même ordre d‘idées, l’interopérabilité demeure un problème car on voit mal comment tous les objets pourraient utiliser le même protocole de communication. Rappelons-le si nécessaire : c’est le fameux HTTP qui a fait le succès d’Internet et cette standardisation pourrait devenir nécessaire pour que les objets connectés connaissent le même essor. Aujourd’hui, chaque acteur cherche à faire dominer son protocole et il se pourrait que cela devienne un véritable frein à leur développement. Ensuite, la sécurité, non pas de la donnée, mais de l’accessibilité à l’objet connecté représente un réel défi. À titre d’exemple, des réfrigérateurs connectés se sont déjà vus piratés ! La disponibilité et le prix représentent également des éléments essentiels à définir, car la rareté des points de vente et les prix très élevés de ces objets peuvent rapidement dissuader les acheteurs. Si les objets connectés seront visiblement légion dans les années à venir, certains pensent même que c’est tout notre monde qui interagira avec nous, au point qu’ils représentent clairement les interfaces de demain. Le mythe de « l’homme machine » ne semble plus très loin. Et 2015 en sera assurément le terreau.

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