Le « smarter working » pour booster la performance et la créativité des salariés

Après plus de 50 ans d’activité, Plantronics se place comme l’un des leaders mondiaux en communications audio pour les entreprises et le grand public. Si sa réussite et notoriété ne sont, à ce stade, plus à prouver, son organisation et fonctionnement semblent y être pour quelque chose. Américain ou non, le concept du « smarter working » et des « 4C » auraient tout intérêt à être importés en France. Immersion.

« C’est un petit pas pour l’Homme, un pas de géant pour l’humanité ».

1961, en Californie. Dans un petit garage de Santa Cruz, deux pilotes de ligne, Courtney Graham et Keith Larkin, décident de mettre au point une alternative aux casques d’aviation conventionnels. « Plus petit et plus léger, le produit s’est, d’emblée, révélé un succès. Ils en vendaient aux autres pilotes et compagnies d’aviation puis à celles des tours de contrôle », raconte Paul Clark, Vice-Président et Directeur Général Europe et Afrique, lors d’une interview. « Les opérateurs téléphoniques constituaient les premiers gros clients chez Plantronics grâce à des standards de qualité très forts. Nous travaillions aussi avec la NASA notamment pour toutes les missions de type Apollo », ajoute-t-il. Huit ans plus tard, Neil Armstrong faisait ses premiers pas sur la Lune, arborant un casque de la marque Plantronics. « C’est un petit pas pour l’Homme, un pas de géant pour l’humanité ». Si l’histoire a commencé dans un garage, en Californie, elle se poursuit, aujourd’hui, au sein de plusieurs pays notamment en France, à Ivry-sur-Seine. Boulevard Paul Vaillant Couturier, les rues sont paisibles en ce milieu de matinée grisâtre. Passés quelques marches, à l’intérieur d’un grand immeuble, nous nous dirigeons vers l’accueil. Après y avoir donné notre nom, nous traversons le hall marbré de blanc et passons un petit portique de sécurité, avant d’emprunter l’un des quatre ascenseurs : « Plantronics ». Nous y sommes.

Un fonctionnement basé sur le « smarter working ».

La moquette grise et les murs blancs, auxquels s’ajoutent quelques touches d’orange et de bleu aux couleurs du logo de l’entreprise, offrent un décor moderne et épuré, sous-couvert d’une ambiance feutrée. À l’entrée, trois petits fauteuils sont disposés autour d’une table basse sur laquelle sont entreposés journaux et magazines. L’office manager, Dorothée Leclerc, nous reçoit, le sourire aux lèvres. À peine le temps d’un café, nous sommes rejoints par Fabrice Berthelot, Directeur régional France et Afrique. Ce dernier nous propose alors une visite guidée des locaux. Tout au long de notre visite, un point nous interpelle : plusieurs chaises de bureau sont vides. « L’absence de certains salariés s’explique à travers la notion de « smarter working », qui consiste à travailler quand et où bon nous semble grâce à l’instauration d’un management à distance, explique Fabrice Berthelot. Les salariés ne sont donc pas obligés de venir au bureau. L’idée demeure que nous ayons tous envie de nous retrouver plutôt que de percevoir cela comme une contrainte. » Cette acceptation du télétravail permise grâce à des points réguliers, réalisés à distance, se veut également une forme de tolérance qui implique, néanmoins, que chacun atteigne ses objectifs. « La confiance n’exclut pas le contrôle », rappelle le Directeur régional France et Afrique.

Se sentir comme à la maison.

En dessous d’une table où sont entreposés des casques audio de la marque, nous remarquons la présence de casiers nominatifs. « Chaque salarié dispose de son propre casier. Ainsi, il est libre d’y laisser quelques affaires pour pouvoir travailler au bureau ou, tout simplement, s’y sentir bien », explique Fabrice Berthelot. Autre élément marquant de la culture d’entreprise de Plantronics : les salariés, tout comme leurs supérieurs hiérarchiques, ne possèdent pas de bureau attitré. « Il y a les bureaux et la flexibilité des bureaux autour du monde », lance Paul Clark, Vice-Président et Directeur Général Europe et Afrique. « Personne n’a de bureau attitré, ni moi-même, ni le CEO en Californie. » Ce système, plus « libre », favorise, selon Fabrice Berthelot, les flux et empêche la ségrégation de sorte que les salariés puissent véhiculer à travers les différents espaces et se placer, en fonction de leur humeur, là où ils le souhaitent. Au total, ce sont près de 740 m² de bureaux qui se voient mis à la disposition d’une trentaine de salariés. L’office manager, Dorothée Leclerc, pointe alors du doigt une armoire où nous avions déposé nos manteaux en arrivant : « Elle permet aux salariés, à peine passés le seuil de la porte, d’y déposer leurs affaires afin qu’ils se sentent comme à la maison. » En plus du bien-être des salariés, ce fonctionnement favoriserait le recrutement, si l’on en croit Fabrice Berthelot : « La nouvelle génération, celle des Millennials, recherche davantage, au sein d’une entreprise, une ambiance qu’une renommée, contrairement à l’ancienne. En ce sens, le bien-être constitue un véritable pouvoir d’attractivité. »

Un traitement acoustique jusque dans les bureaux !

Au-delà de la simple notion de « smarter working », Plantronics base son organisation sur ce que ses dirigeants appellent les « 4C », pour « Communication », « Collaboration », « Contemplation » et « Concentration ». Les open spaces demeurent, bien souvent, bruyants et « nous estimons que nous ne pouvons pas être constamment concentrés notamment à cause de divers sons émis tels que ceux provenant des appels téléphoniques. Nous avons donc eu l’idée de découper les locaux en plusieurs espaces », lance le Directeur régional. À l’intérieur d’une salle de réunion, composée d’une banquette, d’une petite table, de quelques poufs et d’un grand mur blanc sur lequel il est possible d’écrire à l’encre effaçable, Fabrice Berthelot attire notre attention sur son traitement acoustique. Le sol mais également les murs, composés de mousse, sont conçus de telle manière à étouffer les sonorités et les bruits environnants. Une astuce pensée jusque dans les moindres détails puisque, pour ne pas entendre les bruits extérieurs mais aussi ne pas déranger les autres, la porte de la salle en question ne comporte pas de serrure… « La pièce est, intégralement, insonorisée pour profiter d’échanges feutrés », ajoute-t-il. Sur la même idée, des fauteuils en forme de grandes coquilles situés dans l’open space permettent de se couper quasi-entièrement des nuisances extérieures, une fois installé à l’intérieur. Une entreprise à l’écoute de ses salariés…

« C » comme « concentration ».

Un double écran d’ordinateur, un dispositif de bureau « assis-débout » ainsi qu’un casque audio sans fil forment un poste de travail lambda chez Plantronics. « Un système de disponibilité reste également prévu pour chacun des postes de l’espace. Une lumière rouge signale que le salarié est en ligne ou qu’il ne souhaite pas être dérangé, et verte pour indiquer que celui-ci est présent et disponible  », précise Fabrice Berthelot. Toujours dans cet esprit de favoriser la concentration des salariés, des box insonorisés, appelés aussi « cellules de moines », ont été aménagés. « Une étude révèle qu’il faut, en moyenne, vingt-trois minutes pour redevenir concentrés », affirme Paul Clark. Dotés d’un poste de travail, ces petits espaces favorisent la concentration pendant une durée déterminée. « Des sabliers sont disposés à l’entrée des box et chacun sait que, si ce dernier est occupé, il est interdit de déranger la personne l’occupant tant que le temps n’est pas écoulé, à savoir d’une heure maximum », explique le Directeur régional. « Nos bureaux ont été conçus de sorte à ce que chacun des 4C se mélangent bien. Une place se voit optimisée pour chacune des activités, qui prennent toutes des formes différentes, afin d’éviter toutes les interférences nuisibles », résume le Vice-Président.

Communiquer et collaborer, à distance ?

Pour Paul Clark, la technologie joue un rôle important en matière de communication mais aussi de collaboration : « Nous utilisons beaucoup Skype for business pour pouvoir, par exemple, partager des documents et ne pas avoir nécessairement besoin de se retrouver dans un même lieu pour travailler ensemble. » Il finit par lâcher : « Tout le monde possède un ordinateur et un téléphone portable, ce qui nous permet de co-créer quel que soit le lieu où nous nous trouvons : au café, au bureau, à la maison…, peu importe ! » Chez Plantronics, la question porte davantage sur le résultat que, selon son Vice-Président, sur le fait de « voir des personnes assises derrière leur bureau » : « Nous manageons les personnes par ce qu’elles produisent et non par leur présence. Finalement, on a plus besoin de les voir physiquement mais simplement de regarder leurs résultats. » Pour lui, la tendance est à la recherche d’un équilibre entre le travail et la vie privée, souvent compliqué car on a besoin de libertés et de plus de contrôle sur notre vie. « Nous proposons à notre staff de choisir son lieu ainsi que ses horaires de travail. Cette approche flexible redonne à chacun une part de liberté et contribue à une bonne ambiance étant donné que les gens sentent que nous leur faisons confiance. »

Un espace qui favorise bien-être et détente.

En déambulant dans les bureaux, une atmosphère calme et paisible semble s’y dégager. Un grand mur végétal entrecoupé d’une fontaine à eau donne le « la ». Alors que plusieurs grands fauteuils offrent une vue sur la Seine, un dispositif de diffusion de sons alimente tout l’espace. « Les conversations issues des appels téléphoniques sont feutrées pour laisser entendre un bruit d’eau qui coule paisiblement, rappelant la Seine », commente Fabrice Berthelot. De son côté, le Vice-Président revient sur le rapport avec les « 4C » : « Nous avons entrepris des recherches et en avons déduit que les sons naturels notamment celui de l’eau demeurent les plus efficaces en termes de concentration. Ils réduisent la distance de concentration nécessaire entre deux personnes ou bruits à quatre ou six mètres, au lieu de dix avec des bruits d’air conditionné, par exemple. C’est incroyable ! » Si la « concentration » occupe une place prépondérante, la « contemplation » semble, elle aussi, détenir sa place au sein de la culture d’entreprise de Plantronics. Un espace de jeux où se mêlent canapés en cuir, écran plat, console de jeux ainsi qu’un mini parcours de golf s’intègre, tout à fait, à la logique du fameux quatrième « C ». Non loin de là, un second espace bien-être nous interpelle. Pour les sportifs, vélos, tapis de course et rameur font, cette fois-ci, face à un autre écran plat. En plus d’une douche prévue spécialement pour l’occasion, un traitement acoustique chapote, bien évidemment, le tout, du sol au plafond. Pour les moins courageux ou qui ont, tout simplement, besoin de repos, une salle dite de « sieste » est mise à disposition de ceux qui souhaitent faire un break de quelques minutes ou bien lire, par exemple. « Après la mise en place de ce nouvel environnement, notre turnover s’est révélé de 0 %. Personne n’a souhaité quitter Plantronics ! », conclut avec enthousiasme Paul Clark.

Les grandes valeurs de l’entreprise

  1. Une équipe, une vision. Nous comprenons ce qu’est la stratégie de l’entreprise, c’est ce qui nous réunit.
  2. La satisfaction de nos clients est notre satisfaction. Tout ce que nous faisons consiste à résoudre les problèmes de nos clients.
  3. Nous innovons agilement et bougeons vite. Nous cherchons à conduire l’innovation et ne devons, pour cela, pas avoir peur de l’échec car il fait partie de l’apprentissage.
  4. Nous accordons notre confiance à nos salariés afin d’évoluer vite. Nous ne sommes pas là pour regarder constamment derrière leurs épaules.
  5. Notre réussite repose sur nos équipes. Ce sont les salariés qui font les grandes entreprises.
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