Le travail a-t-il toujours du sens ?

Un Français sur cinq a le sentiment d’occuper un bullshit job. Pourtant dans l’univers de l’entrepreneuriat le sens du travail ou de la mission à accomplir est omniprésente et génère l’enthousiasme. A l’occasion de la fête du Travail, le 1er mai, le groupe Randstad a publié les résultats de son étude sur le sens au travail, menée auprès de 10 000 personnes.

L’étude est loin d’afficher une vision optimiste des salariés sur le sens du travail. En effet, près d’un Français sur cinq (18%) a le sentiment d’occuper un « bullshit job », terme choisi par l’anthropologue et économiste américain David Graeber, pour désigner un emploi inutile et dont on ne perçoit pas le sens.

Comment retrouver du sens ?

Les Français sont loin de proposer une solution unique. Ils suggèrent des pistes pour donner un nouvel élan au travail, preuves que ce phénomène représente une préoccupation majeure pour nombre d’entre eux. Ils proposent plusieurs directions mais qui convergent de manière générale vers la remise en question.

Pour 23%, trouver une nouvelle vision et un nouvel engouement passe par créer soi-même son emploi. Ils envisagent donc de sortir de leurs habitudes. Or, il y a un gap entre travailler pour les autres et créer sa propre société et en devenir le dirigeant. En quelques mots cela signifie qu’ils écartent la possibilité de trouver dans la société actuelle la solution. Ce résultat fait écho au succès de l’auto-entrepreneuriat et témoigne de l’appétence des Français pour l’entrepreneuriat. Plus de deux créations d’entreprises sur cinq sont ainsi le fait de micro-entrepreneurs en 2018.  Le salon de l’entrepreneur, les incubateurs, les accélérateurs… en sont le reflet comme d’ailleurs ce magazine qui depuis 10 ans. Ils ne cessent d’apporter aux entrepreneurs son soutien pour donner du sens à l’avenir et les sortir des sentiers qui les conduisent au burn out.

Mais aussi

20% d’entre eux pensent qu’il leur faudrait de changer radicalement de métier. A l’heure de la transformation digitale, des menaces de perdre son emploi, ce sentiment paraît découler de la sagesse et du bon sens. Il montre donc qu’ils ont totalement abandonné la vision de l’emploi à vie comme symbole de la réussite.  C’est pourquoi, ils plébiscitent avant tout la formation et la reconversion professionnelle (48%), même si cela implique une période de moindre rémunération. Ce qui signifie qu’ils pressentent ce que la formation et la reconversion peut leur apporter comme atout à long terme.

Selon François Béharel, Président du groupe Randstad en France « l’acquisition de nouvelles compétences apparaît essentielle. Ces résultats viennent à nouveau souligner l’importance de la réforme de la formation en cours. Celle-ci doit permettre de mieux aligner les besoins de compétences des entreprises et les aspirations des salariés »

Mais que garder les talents passe par le fait de donner du sens au travail « Le sens au travail est un déterminant essentiel dans l’emploi, et joue un rôle croissant pour attirer et surtout retenir les talents.  Devant cette quête de sens au travail, les Français ne restent pas passifs. Ils n’attendent plus de l’entreprise qu’elle leur apporte une solution. Ils préfèrent envisager de créer leur propre activité ou de changer radicalement de voie. » 

Mais pas à n’importe quel prix !

Ils ne sont ainsi que 28% à être prêts à renoncer à la sécurité de l’emploi et un quart à accepter des conditions de travail moins favorables. Ce sont les compensations financières et la protection sociale que les salariés français sont le moins enclins à accepter des sacrifices et sont cependant moins nombreux à être prêts à renoncer à un CDI (28%) ou à accepter un salaire moins élevé (20%). Ils ne sont que 22% à être prêt à accepter une couverture sociale (santé, chômage, retraite) plus faible. Il faut dire que le contexte économique les conduit à la prudence.

D’autres suggestions

13% estiment qu’une mobilité interne peut leur permettre de se sentir plus utile.

12% que leur quête de sens peut être satisfaite en conservant le même type de poste, mais dans un secteur différent.

10% estiment qu’il faut changer de type d’organisation (entreprise, ONG, secteur public, association…).

41% plébiscitent la mobilité géographique (41%), qui apparaît comme un moindre mal pour retrouver un emploi plus porteur de sens.

Méthodologie

L’étude Randstad sur le sens au travail a été réalisée à l’occasion de son étude annuelle Randstad Employer Brand Research sur l’attractivité des entreprises. Elle est réalisée par l’institut d’études Kantar TNS pour Randstad N.V. L’échantillon sondé comptait 9 893 personnes âgées de 18 à 65 ans. Il comprenait des étudiants, des salariés et des chômeurs, était représentatif de la population française (sexe, âge) avec une surreprésentation des 25-44 ans. Les interviews ont été réalisées entre le 30 novembre 2018 et le 28 janvier 2019. Les interviewés étaient sollicités par e-mail et invités à répondre à un questionnaire en ligne.

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