Les raisons qui poussent au changement

Il suffit de regarder ne serait-ce que les deux derniers siècles pour comprendre que la vie des êtres humains est rythmée par un changement permanent. Ces changements impactent la vie des femmes et des hommes qu’ils le veuillent ou non. Les entreprises, quant à elles, sont au cœur de nombre d’entre eux et en sont souvent les initiatrices dans un souci de réaliser davantage de profits mais surtout de satisfaire les besoins de leurs clients, de faciliter leur vie ou bien de répondre aux enjeux du moment.

Des changements qui en entraînent d’autres

Entre l’électricité, l’eau courante, l’électroménager ou de nouvelles pratiques pour ne citer que quelques changements, nous pouvons constater que chacun d’entre eux en a généré de multiples autres. Ils ont été aussi bien à l’origine de créations que de destructions d’entreprise. L’électricité avec la possibilité de ne plus de dépendre d’un rythme basé sur le jour et la nuit a complètement modifié l’amplitude horaire du travail et de la vie privée. L’eau courante avec l’installation des salles de bain et des toilettes a eu pour conséquence l’amélioration de l’hygiène.

Les facilités de l’électroménager, la création des crèches, les multiples lois en faveur des femmes ont peu à peu généré la conception de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société. Même si au début de chaque innovation, il y a l’étonnement, la peur et l’idée que certaines innovations ne seront l’apanage que d’une élite ou paraissent farfelues, force est de constater qu’une kyrielle d’entre elles deviendront à la portée du plus grand nombre et feront partie du quotidien de l’ensemble des citoyens. Ainsi, les progrès de la médecine profitent à tous. Tous les secteurs sont impactés (santé, transport, communication, alimentation…). Il s’avère impossible de faire une liste exhaustive et nous laissons aux lecteurs le soin de la compléter avec leur propre vécu.

Qui dit changement, dit transformation

Derrière de nombreux changements, il y a la transformation des métiers et donc de la vie des hommes et des femmes de l’entreprise quelle que soit leur place dans la pyramide hiérarchique. Les changements s’imbriquent les uns dans les autres et chacun doit s’adapter aux innovations pour garder son travail malgré le rythme du changement qui ne cesse de croître.
Une enquête menée par la Chaire ESSEC du changement et de la Chaire ESSEC IMEO (Innovation Managériale et Excellence Opérationnelle, dirigée par David Autissier, un des auteurs du livre, La boîte à outils de la conduite du changement et de la transformation, paru chez Dunod, a montré que « le nombre de changements a été multiplié par trois ces 20 dernières années. A noter que dans les années 2000, les cadres en entreprise faisaient mention d’un changement structurant annuel contre trois maintenant. ».

Des changements imposés

1 – Par l’entreprise à la suite de certains constats.

Les changements, s’ils sont parfois voulus et liés à une vision stratégique, restent souvent en réalité imposés par l’entreprise aux collaborateurs. L’environnement global dans lequel évolue l’entreprise se transforme et il pèse en conséquence sur elle un risque à stagner et de se laisser dépasser. Il demeure évident que, pour que l’entreprise ne se retrouve pas en difficultés, elle doit chercher à toujours être réactive et à la pointe des idées nouvelles. Si vous êtes amené à réaliser une analyse de votre entreprise notamment sur ses forces et faiblesses au travers des différents outils qui existent, vous devrez prendre en compte de nombreux facteurs.

Il est fréquent de retenir les avantages actuels qu’elle présente et donc de ne pas avoir envie de remettre en question son organisation. Cependant des risques légaux, des modifications de comportements des consommateurs ou environnementaux peuvent amener l’entreprise à évoluer ou à péricliter. Ainsi la surconsommation et l’idée de la protection de la planète ont conduit maintes entreprises à prendre un autre cap et d’autres à imposer de nouvelles donnes comme par exemple le fait de consommer bio.


2 – Par la concurrence : se développer ou être obsolète.

La concurrence constitue une des premières raisons pour laquelle les entreprises se transforment. Si elle est porteuse d’innovations ou de nouvelles offres, elle impose sa loi et le consommateur, toujours friand de nouveautés et de ce qui lui facilite la vie, est rarement fidèle longtemps devant des avantages parfois moins onéreux.

Il s’agit souvent d’être réactif face à de nouvelles pratiques et des bénéfices offerts aux clients qui apparaissent dans un secteur. A noter qu’il ne s’agit pas forcément de transformer le produit ou le service mais de proposer des conditions d’achat optimum comme le suivi et les délais de livraison ou encore les moyens de paiement liés aux nouvelles habitudes du consommateur. La concurrence joue le rôle d’un stimulant. Il arrive qu’une entreprise souhaite conserver un produit plusieurs années dans son catalogue car elle a toujours un flux de commandes et qu’elle ne voit pas l’intérêt de s’approprier des nouveautés dont les fonctionnalités lui semblent superflues.

Elle vit sur ses acquis et ne se sent pas en danger. Il faut dire que tant qu’un secteur n’évolue pas et qu’aucun acteur ne bouge, la tendance reste à considérer la situation comme pérenne et de se contenter d’offrir quelques avantages pour dorer leur image de proximité avec le client. Ainsi, la SNCF a seulement multiplié les offres commerciales mais sans réels concurrents pendant plusieurs décennies. Plus récemment, elle a dû avec le droit à la concurrence européenne proposer de nouveaux produits pour rester compétitive. Ces dernières années de nombreux secteurs ont dû ainsi évoluer.

C’est pourquoi on parle d’accélération des cycles. On a vu des entreprises leaders complètement disparaître de la carte car leur expérience d’être longtemps dans une position confortable les a rendues incapables de transformer leur business model. La difficulté reste de cerner les opportunités et d’anticiper les évolutions à venir. Avoir un œil sur la concurrence reste donc une pratique essentielle si vous ne souhaitez pas vous retrouver dans une impasse. Vous devez essayer de la devancer que vous soyez une nouvelle startup ou une entreprise qui a pignon sur rue.

3 – Par les évolutions technologiques.

Internet et plus globalement l’ensemble des technologies se sont imposées par leur créativité, rendant l’impossible possible. Il faut dire que les innovations pleuvent comme jamais. Aujourd’hui, il devient difficile de les suivre, tellement leur rythme s’est accéléré. De nombreux secteurs se sont vus complètement bouleversés par elles et nous nous demandons même souvent comment nous vivions il y a à peine une décennie sans téléphone portable ou sans internet. Ils se sont immiscés dans notre vie professionnelle et personnelle en quelques mois, voire quelques jours.

Nous imaginons mal une banque aujourd’hui qui ne donnerait pas accès aux comptes en ligne ou encore qu’une entreprise n’ait pas un site, même si c’est parfois le cas, contrairement à ce que nous pourrions penser. Nous avons pu le constater avec les commerces qui n’étaient pas encore pourvus de site internet lors du confinement et qui ont dû le créer avec l’appui de l’État et de plateformes pour pouvoir survivre à la crise sanitaire. Se contenter de sa clientèle parce qu’elle est fondée sur sa réputation et sa notoriété et être persuadé qu’elle vous est fidèle ad vitam aeternam, c’est oublier qu’elle peut selon les circonstances et ses besoins se détourner de vous sans aucun état d’âme ou que les circonstances actuelles, comme la fermeture des frontières, peut vous priver de votre clientèle internationale.

Ainsi, la Poste a trouvé son concurrent avec l’email qui a transformé son organisation. En peu de temps, le recul du courrier s’est amplifié : le volume de lettres à distribuer est passé de 18 milliards en 2008 à un peu plus de 9 milliards en 2018 et pourrait encore baisser, si la tendance se poursuit, à 5 milliards en 2025. Mais La Poste, a contrario, a vu le nombre de colis à distribuer devenir exponentiel avec 2 millions de colis par jour en décembre 2020 grâce aux plateformes e-commerce. Cette transformation a impliqué la modification des métiers et des emplois car transporter une lettre ce n’est pas transporter un colis. Il a fallu penser à la reconversion des collaborateurs. La Poste n’avait pas le choix et a dû la réaliser en quelques mois.

4 – Par des changements avant tout des mentalités.

S’ils ont souvent pour origine des innovations liées à la technologie, ce n’est pas la seule raison qui pousse les consommateurs à bousculer leurs habitudes. Les consciences évoluent et la prise en compte de nouvelles données et attentes est désormais au cœur de la réflexion des entreprises. L’égalité entre les femmes et les hommes imposée dans les entreprises était inconcevable il y a à peine une décennie dans les mentalités. Ce qui est considéré aujourd’hui comme des fondamentaux, tel le respect de l’environnement ou de l’éthique, n’était pas pris en compte par bon nombre d’entreprises qui n’hésitaient pas à polluer. L’information réduite au journal ou à une chaîne de télévision est entrée dans la vie de tous. Désormais, les consommateurs sont informés et les réseaux sociaux font office de lieu de sanction pour celles qui s’aventurent dans des pratiques peu recommandables.

Plus avant, la responsabilité sociale des entreprises dite RSE est devenue une base essentielle. La protection de la planète qui était la dernière des préoccupations, il y a encore peu de temps, est devenue un enjeu majeur en raison du réchauffement climatique. La prise de conscience que la surconsommation a envahi les mers et la terre au point de les détruire va conduire les citoyens à chercher des solutions qui se trouvent déjà dans le vintage et les plateformes comme leboncoin, le développement des services de location… Ils ont engendré la nouvelle conception que jeter en dépit du bon sens était un acte destructeur et l’obsolescence programmée des produits est devenu un délit.

5 – Par des lois qui s’adaptent aux nouvelles réalités.

Si la loi est généralement considérée comme acquise et devrait le demeurer pour que chacun puisse ne pas se perdre, les évolutions, ne serait-ce que technologiques, entraînent de nouvelles lois pour protéger les citoyens. On imagine mal un code datant de Napoléon auquel on n’aurait apporté aucune modification capable d’encadrer l’ensemble des pratiques actuelles : des moyens comme l’email n’existaient pas à l’époque et il était difficile d’imaginer qu’on devrait encadrer des milliards de données.

La légalité et les normes changent aussi pour mieux protéger les citoyens et les entreprises. Ils peuvent vous obliger à modifier vos habitudes (les lois sur la concurrence déloyale, sur les délais de livraison, les délais de paiement…) et il reste bon d’avoir un œil sur les lois qui sont adoptées et qui peuvent vous donner des obligations supplémentaires ou encore vous imposer d’arrêter certaines pratiques. Les lois sur l’entrepreneuriat avec la création du statut de la micro entreprise et la sortie des fichiers FCIP pour les entrepreneurs ou encore le droit à l’erreur, mettent en exergue qu’il faut protéger les citoyens au fur et à mesure des évolutions. Il arrive que certaines lois permettent d’ouvrir de nouveaux marchés comme celui de l’interdit du monopole. 

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