La petite sieste au travail, c’est permis ?

Le vendredi 15 mars 2024 , c’était la journée internationale du sommeil. Si aujourd’hui les bienfaits de la sieste au travail sont bien connus tant pour la productivité que pour le bien-être, la question peut se poser à plusieurs niveaux de sa place au sein de l’univers de travail. Zoom sur quelques questions essentielles.

L’enquête INSV/Fondation Vinci Autoroutes menée par OpinionWay et dévoilée à l’occasion de la 24e Journée du sommeil, souligne qu’en semaine les Français dorment en moyenne 6 h 42 (contre 6 h 57 en 2019 et 6 h 58 en 2023), et 7 h 25 pendant le week-end ou les congés (contre 8 h 14 en 2019 et 7 h 40 en 2023).

Selon le Docteur Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance, de plus en plus, la population compense le manque de sommeil par des siestes. Une bonne idée si elles ne sont pas trop longues afin de ne pas impacter la nuit suivante. Les experts du sommeil recommandent de privilégier la sieste à la grasse matinée. Ainsi, « Une grasse matinée, c’est un décalage horaire par semaine », et donc d’après le docteur Rey ce n’est guère un bon comportement.

Avec l’arrivée de la question du bien-être au travail, les entreprises ont créé de nombreux espaces de repos dans les locaux de l’entreprise. Ceci permettrait d’augmenter significativement la productivité notamment grâce à la concentration. Et la sieste rencontre un certain succès. Selon un sondage réalisé par les Editions Tissot, 97 % pensent que la mettre en place est positif pour la productivité. Si l’unanimité semble proche, la possibilité de l’effectuer en entreprise pose encore problème. En effet, 57 % y voient « une pratique difficile ». 

Ne pas venir en cas d’insomnie possible ?

Il est tout à fait possible de ne pas venir au travail après une nuit d’insomnie à condition que la situation soit exceptionnelle. En fait, il ne s’agit pas de réaliser ce type d’absence tous les mois. En effet, si elle venait à désorganiser l’entreprise, le dirigeant peut alors envisager des sanctions. 

Il faut avant tout que le salarié victime de celle-ci soit professionnel. En outre, il doit prendre soin d’avertir son employeur le plus rapidement possible. Ainsi l’entrepreneur prendra les mesures nécessaires pour ne pas que l’entreprise s’en retrouve affectée.

On comprend qu’en cas d’absence imprévue et totalement involontaire, il ne puisse pas venir au travail notamment s’il doit y venir en conduisant, il puisse engendrer un accident sans le vouloir par somnolence au volant que ce soit par l’employeur ou l’employé. Il s’agit d’ailleurs probablement de la plus sage décision que ce soit pour des raisons de productivité ou de sécurité. On comprend bien que la vigilance pourra en être affectée et avoir un salarié somnoler ne fera guère avancer la performance de l’entreprise.

Il demeure que, normalement, toute absence doit être validée par le chef d’entreprise ou les personnes responsables. A défaut, elle pourrait vite passer pour une absence injustifiée et devenir susceptible de reproches. Il ne faut bien sûr pas confondre insomnie avec une fête trop arrosée la veille. 

Pour la journée perdue, l’employeur peut accepter de la prendre sur les congés payés ou encore les RTT. L’employeur peut également décider de la faire récupérer sur plusieurs journées en partant plus tard par exemple. 

La sieste autorisée au bureau ?

Sur le principe général, la sieste n’existe pas dans le code du travail ni dans les conventions collectives. Chacun devrait arriver frais et disponible chaque matin au bureau. Si vous dormez sur votre poste de travail en prétextant une petite sieste, la hiérarchie peut donc envisager de faire usage de son pouvoir de sanction. 

Cependant, comme vous l’avez peut-être vu dans un cas médiatique récemment avec un éboueur qui dormait sur son lieu de travail, la sanction doit rester proportionnée à la faute et par rapport au métier exercé. Dans un métier de surveillance ou de sécurité, on imagine bien que la sanction va de soi. Ceci a été confirmé par la chambre sociale de la cour de cassation du 20 décembre 2006. Celle-ci avait admis la faute grave alors qu’un moniteur de sport s’était endormi à son travail et avait laissé des enfants handicapés âgés de 7 à 10 ans sans surveillance. 

Celle-ci n’est cependant pas applicable dans tous les cas. La même sanction ne saurait être la même pour un salarié qui se serait endormi devant son ordinateur. Il reste que le temps de travail demeure une période où le salarié doit être en mesure d’effectuer son travail avec efficacité et être disponible. 

Une bonne pratique à considérer tout de même

Malgré le fait que la sieste demeure non conforme au droit du travail, rien ne vous empêche de l’autoriser. Elle peut être parfaitement pratiquée lors des pauses (notamment celle du déjeuner) ou même en dehors si vous laissez une certaine liberté à vos salariés. 

Elle est surtout à considérer comme une action de bon sens car elle augmente la productivité de chacun, notamment si la personne rattrape le temps au fur et à mesure de la journée. Vous pouvez la faire figurer dans votre règlement intérieur si vous souhaitez qu’elle se démocratise et en faire part à votre service de ressources humaines pour encadrer la pratique. 

Avec la mise en place d’espaces sur les lieux de travail, cette pratique s’est bien démocratisée en France. La tendance reste de laisser de plus en plus de liberté aux salariés pour s’organiser comme ils l’entendent. Si cela ne peut pas être vrai pour tous les métiers, il faut bien considérer que le présentéisme ne sert à rien. L’accès à Internet permanent et les smartphones ont bien remis en cause les anciennes pratiques. Ces dernières tendent à disparaître et le management à la BIG Brother a de moins en moins de sens dans une société où ce qui compte de plus en plus est le résultat. Finalement, l’organisation du temps de travail devient de moins en moins à la charge de l’employeur. De plus, elle s’est transférée au collaborateur notamment depuis l’arrivée du télétravail. 

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