Interview de Tristan Lecomte, Fondateur d’Alter Eco

Retrouvez notre interview exlusive de Tristan LECOMTE, créateur de la marque de commerce équitable Alter Eco

Quel a été votre parcours de création de la marque Alter Eco ?

Une de mes sœurs avait acheté le journal des sans-abris dans lequel il y avait un article sur le commerce équitable. Elle m’en a parlé et le sujet m’a intéressé alors j’ai eu envie de me lancer. J’ai d’abord monté une petite boutique dans un quartier central de Paris, en 1998. Après avoir été obligé de mettre la clé sous la porte, j’ai monté une seconde boutique, plus grande, dans le même quartier. Deuxième échec commercial. J’ai ensuite créé un site Internet en 2000, toujours sur le thème de la vente d’artisanat équitable. Là encore le projet s’est arrêté, faute de débouchés. J’ai fini par trouver le bon filon en me réorientant vers la vente de produits alimentaires équitables dans la grande distribution. Aujourd’hui, grâce au succès de la marque dans les supermarchés, nous pouvons aider réellement les producteurs et trouver un équilibre économique.

Pourquoi avoir d’abord choisi d’appliquer votre concept à travers l’ouverture de boutiques ?

Je pensais que c’était le moyen le plus simple de vendre les produits. Or, gérer une boutique en centre ville est très compliqué. De plus nous vendions de l’artisanat, qui n’est pas un produit de consommation courante. Désormais, je me rends compte que ce n’était pas les bons produits et pas le bon circuit de diffusion que nous avions choisis. Peut-être également que nous arrivions trop tôt et que les consommateurs n’étaient pas prêts à acheter équitable.

A travers tous ces échecs, qu’est-ce qui vous a poussé à rebondir et à retenter une nouvelle fois l’aventure ?

La volonté que cela réussisse, je pensais qu’il y avait un vrai intérêt pour les producteurs, une vraie utilité. Je sentais également un attrait de la part des consommateurs. Pour ces raisons, je n’ai pas laissé tomber, jusqu’au moment où cela a décollé, lorsque nous avons pris le parti de vendre nos produits en grande distribution.

Pendant toutes ces années où votre projet ne démarrait pas, n’avez-vous jamais eu envie de tout arrêter ?

Bien sûr ! De temps en temps, je me décourageais mais je ne doutais pas de la validité de mon projet. Nous avons été soutenus par de nombreuses personnes autour de nous qui croyaient dans le concept Alter Eco, ce qui nous a permis de ne pas baisser les bras. Même si l’entreprise ne fonctionnait pas, les gens nous encourageaient à continuer.

Comment vous avez réussi à convaincre les réseaux de grande distribution de vous suivre ?

Je leur ai montré que nos produits étaient de qualité et qu’ils pouvaient à la fois développer des ventes et se valoriser avec ces produits. Les distributeurs ont vite compris que vendre les produits Alter Eco était intéressant d’un point de vue économique, mais aussi pour leur image. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes motivées par le thème du commerce équitable dans ces enseignes. à l’époque j’étais tout seul dans l’entreprise. J’ai frappé à la porte des réseaux de grande distribution et l’enseigne Monoprix a été la première à accepter de me faire confiance. Par la suite, les autres distributeurs ont quasiment tous suivi et l’entreprise a décollé.

Aujourd’hui vous essayez d’étendre votre marque à l’international. Quelle stratégie adoptez-vous pour développer Alter Eco à l’étranger ?

Nous développons notre marque aux états-Unis et en Australie, grâce à des entrepreneurs qui ont souhaité s’engager pour développer la marque et qui créent des filiales d’Alter Eco à l’étranger. Ce système fonctionne assez bien et la marque commence à bien se développer à l’international.

Quelles sont pour vous les valeurs de l’entreprise Alter Eco ?

L’ouverture d’esprit, la solidarité et l’envie de changer le monde.

Comment appliquez-vous ces valeurs dans l’entreprise au quotidien ?

En discutant avec les collaborateurs de notre mission et de ses enjeux. Nous avons essayé de créer un espace de travail convivial et propice à ce genre de discussions. Les collaborateurs ne sont pas tous des personnes super engagées pour le commerce équitable, mais ils partagent tous cette ouverture d’esprit, la qualité la plus importante pour nous. Nous vendons plus que des produits. Nous sommes là pour susciter un mouvement car tout l’enjeu du changement se trouve à l’intérieur de chacun. Les produits ne sont qu’un prétexte pour générer des réactions et faire que les personnes se posent des questions. Le but de la marque Alter Eco est de susciter une dynamique de changement des états d’esprit.

Vous incluez un véritable volet social dans l’entreprise. Cet aspect social est important pour vous en tant que créateur d’une entreprise solidaire ?

Oui, nous essayons d’avoir un engagement solidaire global. Nous avons fait travailler des SDF pour vendre nos produits sur des stands par exemple. Nous travaillons également avec un CAT (Centre d’Aide par le Travail) au Havre pour le conditionnement de nos produits. Pour nous, il est normal d’agir de cette manière, que ce soit avec les petits producteurs à l’étranger ou en France.

Votre plus grande satisfaction dans cette aventure ?

La cohérence de notre projet avec les valeurs que nous prônons.

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