
La 1ère édition du Tour de France en 2012 du télétravail a été un véritable succès: avec plus de 50 partenaires publics et privés réunis et 250 entreprises rencontrées, le sujet a clairement été identifié comme un axe d’innovation et de performance par l’ensemble des parties prenantes : l’introduction du télétravail et du coworking marque définitivement l’avènement d’un tout nouveau modèle de développement pour l’organisation du travail.
Pour prolonger ce travail, et répondre aux différentes interpellations reçues tout au long des 10 étapes, nous organiserons en 2013, une 2e édition du Tour sur un format enrichi.
Les étapes seront plus longues et laisseront plus de place à la formation au-delà du stade de sensibilisation. Des approches thématiques seront favorisées avec l’objectif d’accompagner concrètement des entreprises et d’apporter un soutien – voire du matériel – aux expérimentations de coworking et télécentres.
Le télétravail se développe au sein des entreprises et des fonctions publiques, porté par :
– L’émergence des technologies de l’information et de la communication (TIC),
– Des attentes grandissantes de la part des actifs (notamment les jeunes générations) pour plus de flexibilité et d’autonomie dans le travail et, la possibilité d’une meilleure conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle.
Le cadre juridique a été clarifié en 2012
Le télétravail est entré dans le code du travail en 2012 et sa mise en place est désormais encadrée juridiquement dans le secteur public comme dans le secteur privé.
Le « télétravail gris » reste la règle principale
66% des télétravailleurs sont des télétravailleurs gris
Ils travaillent occasionnellement en dehors du bureau de manière informelle sans contractualisation particulière ni réflexion au niveau de l’entreprise.
Ce type de situation se développe en France, encouragé par le développement de technologies mobiles et le souhait de nombreux managers et DRH de répondre à des besoins ponctuels sans pour autant lancer une réflexion sur l’organisation du travail.
Cependant cette absence de cadrage pose des questions aux entreprises sous plusieurs aspects :
• les risques juridiques liés aux risques d’accidents du travail et à la durée de travail du salarié ainsi que son temps de repos ;
• Les risques d’inégalités de traitement entre salariés car en l’absence de cadre clair la décision de travail à distance est uniquement du fait du manager ;
• L’absence de formation des équipes et des managers pour la situation de travail à distance.
Pour répondre à cette situation, plusieurs entreprises font le choix de faire cohabiter programme de télétravail et mobilité afin de proposer des solutions adaptées à l‘ensemble des salariés tout en gardant souplesse et maitrise. Cela se concrétise a minima par un cadrage, une définition claire des travailleurs mobiles : télétravailleurs, nomades, itinérants ainsi que des différentes pratiques et règles à respecter pour chacun
Quels métiers en télétravail ?
Le rapport du Centre d’analyse stratégique (CAS) en 2009 identifiait près de 50% des métiers comme potentiellement « télétravaillables » à l’horizon 2015. Il est vrai que les barrières techniques disparaissent peu à peu et que toute personne utilisant les TIC et n’ayant pas de présence physique requise pour son travail peut télétravailler, à condition que les processus soient suffisamment dématérialisés.
Les véritables critères de choix et de décision ne résident pas tant dans les métiers exercés que dans d’autres facteurs :
• la capacité et l’envie du candidat télétravailleur à travailler à distance et de manière autonome ;
• le degré de confiance établi entre cette personne et son manager.
En effet, manager des salariés à distance présuppose de les manager par objectif. On passe d’un management du contrôle par la présence (éventuellement avec des outils de contrôle du temps (pointeuse) à un management plus responsabilisant.
Quels enjeux pour l’entreprise ?
La majorité des expérimentations du télétravail en entreprise mettent en avant des retours très positifs de la part des employés comme des managers.
Au-delà du taux de satisfaction élevé et de l’amélioration de la qualité de vie, les entreprises constatent souvent une augmentation de productivité ressentie par les télétravailleurs et dans une moindre mesure par leurs managers (voir encadré). Cette évolution est difficile à chiffrer cependant et cela rend difficile l’établissement d’un tableau financier classique autour du télétravail.
Plus largement en l’absence d’optimisation immobilière et de prise en compte financière des effets indirects du télétravail (baisse du turn-over et du taux d’absentéisme, augmentation de la productivité) les entreprises réfléchissent souvent plus en termes de dépenses que de bénéfices, ce qui tend à freiner certains déploiements du télétravail.
Les entreprises semblent aujourd’hui avoir pris conscience de l’utilité de définir des indicateurs permettant d’évaluer l’intérêt du télétravail par rapport aux objectifs stratégiques.
Usages et craintes autour des technologies mobiles
Face à une évolution des équipements et un usage multi-écrans (PC, tablette, smartphone) personnel et professionnel, l’entreprise doit fournir des outils adéquats et composer avec ses propres contraintes de sécurité, de coûts et de risques. L’émergence et la généralisation du Cloud permettent d’avoir un poste de travail virtualisé : chaque employé peut ainsi retrouver en tout lieu les mêmes conditions de travail qu’au bureau.
Les entreprises semblent désormais conscientes que l’évolution de ces usages de communication et des modes de travail doivent être accompagnées et non plus freinées. Face à ce constat, les entreprises –services informatiques notamment – doivent mettre à jour leur politique de sécurité, s’organiser pour s’adapter au télétravail, et positionner habilement le curseur entre sécurité et flexibilité d’accès et d’usage.
Il s’agit de trouver certes des solutions techniques (sécurisation des terminaux mobiles, accès VPN sécurisé, solutions de gestion de flotte mobile offrant des « applications store »,…) mais également de sensibiliser et former les collaborateurs aux bonnes pratiques de confidentialité en dehors du bureau.
Selon Pascal Ancian, Directeur Domaine Mobiles France et International au sein d’Orange, « La mobilité est désormais une composante incontournable dans la stratégie des entreprises. Elles doivent faire face à l’explosion de nouveaux usages facilités par l’adoption croissante des smartphones et des tablettes ainsi que le rapprochement des sphères pro/perso. C’est une véritable mutation pour les entreprises qui ont besoin d’être accompagnées dans leur choix de solutions sécurisées et d’outils de communications adaptés à leur besoin.»
Quels enjeux pour les télétravailleurs ?
Le nombre de télétravailleurs est aujourd’hui suffisamment important pour que l’on puisse généraliser les observations des bénéfices du télétravail pour les salariés. Il semble faire l’unanimité auprès de ceux qui l’ont essayé et qui, dans leur très grande majorité, ne souhaitent pas revenir au bureau.
Les télétravailleurs gagnent de l’autonomie dans l’organisation de leur travail, de la liberté et donc, d’une manière générale, une meilleure qualité de vie.
Composante importante de cette satisfaction, les économies de transport domicile-bureau les jours télétravaillés, qui peuvent représenter des sommes et des journées de transports importantes au bout de l’année.
Autre aspect de cette nouvelle organisation du travail, les télétravailleurs gèrent mieux que les autres leur équilibre vie privée-vie professionnelle, à condition que ce point soit pris en compte par l’employeur au moment de la mise en place du télétravail.