Sport et business : signer et gérer un sponsor

A l’heure où l’économie mondiale ralentit, il devient de moins en moins évident pour de jeunes talents de se lancer dans le sport automobile, faute à un manque de budget qui touche toutes les catégories, y compris la Formule 1. Pour essayer de comprendre le problème, nous avons rencontré Grégoire Akcelrod, directeur du département marketing et sponsoring de l’équipe Team RFR, qui a accepté d’analyser pour nous la situation. Interview Grégoire Akcelrod.

Pour le spécialiste, deux difficultés majeurs qui rendent difficiles la signature de sponsors pour les jeunes pilotes. « Le problème vient d’une part de la conjoncture économique en Europe qui ne favorise pas l’investissement des entreprises et d’autre part, du manque de vision à long terme que souhaite obtenir les partenaires. Avec les contraintes budgetaires dues à cette crise, les entreprises ont besoin d’optimiser leur budget marketing et prennent moins de risque. Ils souhaitent s’inscrire dans un projet solide, ambitieux et à long terme qui leur montrera le retour sur investissement de ce sponsoring. Le problème dans le sport automobile, c’est qu’il y a une grande part d’incertitudes du coté sportif, ce qui fait son charme, mais peut aussi freiner certains annonceurs. »

Quand on lui demande ce que peuvent rechercher les sponsors, sa réponse est unanime. « Quand une entreprise investit dans le sponsoring sportif, elle cherche en priorité à s’approprier les valeurs de ce sport et si possible parrainer une écurie ou un pilote qui gagne ! » Mais pour lui, le palmarès sportif ne suffit pas « Dans toutes les catégories, un pilote avec un palmarès mais aussi une bonne image augmentera ses chances pour signer des sponsors. Il est aussi intéressant de savoir se démarquer par le marketing. La communication commence dès le plus jeune age ! »

Dans tous les cas, faire une généralité ne servirait à rien, comme nous le rappel Grégoire Akcelrod « Chaque sponsor a une démarche spécifique qui l’amènera à sponsoriser une écurie ou un pilote. Certains ont un besoin de notoriété et vont s’attacher à communiquer sur l’image que leur apporte leur partenariat, alors que d’autres vont devenir sponsor pour développer leurs réseaux professionnels afin de rencontrer, pendant les Grand Prix, d’éventuels investisseurs, leaders d’opinion et entrepreneurs. Avec plus de 200 entreprises internationales qui sponsorisent des écuries F1 et qui sont présents chaque weekend de course, c est un endroit rêvé pour développer son B2B. Genii Business Exchange en est le parfait exemple avec Lotus F1. »

Peu importe la manière d’attirer un sponsor à lui, un pilote doit ensuite savoir construire une relation de confiance et répondre aux attentes placées en lui, afin de pouvoir
maintenir une relation durable. De par son expérience sur le terrain, le directeur marketing ajoute « Pour qu’un partenariat soit efficace et durable, plusieurs éléments rentrent en compte, premièrement il est indispensable d’avoir un minimum de résultats sportifs pour engendrer une dynamique positive. Au delà de ça, il est aussi très important d’avoir une bonne communication et d’utiliser tous les supports possibles de l’écurie et/ou du pilote (site internet, réseaux sociaux,etc..) Il faut aussi savoir innover et créer des événements sur et hors des Grand Prix permettant d’instaurer une relation de confiance et montrer son attachement à ce sponsor. Encore une fois, chaque partenaire est différent et leurs attentes ne sont pas les mêmes donc il est difficile de faire une généralité. Ritmo Mundo (partenariat conclu lors de la saison 2012 avec Team RFR ndlr) utilisait principalement Team RFR pour promouvoir ses montres en Russie alors que Gazprom (Sponsor principal de l’équipe Franco-russe) mettait en avant son sponsoring grâce à un plan de communication externe et interne très efficace. »

Pour conclure, nous lui avons demandé comment ce sport pouvait être relancé, à commencer par notre pays. Pour Grégoire Akcelrod, cela passe par l’innovation et par l’encouragement aux jeunes de poursuivre leur voie « La France reste une place importante du sport automobile, nous comptons de nombreux grands constructeurs, quatres pilotes français courent en F1 et nous avons le chance d’avoir une champion d’exception comme Sebastien Loeb. Cependant, il faudrait créer une nouvelle dynamique en donnant plus d’importance aux moteurs hybrides, en développant de nouvelles technologies et en organisant dans un futur proche un Grand Prix en France. Je voudrais aussi mettre en valeur tous les championnats de promotion qui existent dont les World Series qui permettent aux futurs talents d exploiter tous leurs potentiels ! »

Article par Hugues Chevaliers

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