Le chef d’entreprise, un aventurier

Un aventurier apprend au fur et à mesure à faire face à toutes les péripéties et pour cela il doit développer un sens aigu des réalités, une gestion optimale de ses émotions, une intelligence relationnelle adaptée à toutes les circonstances, mais surtout un sens des valeurs, un courage et une exemplarité à toute épreuve. 

Pour diriger son entreprise, le chef d’entreprise doit, s’il n’a pas déjà acquis certaines qualités essentielles, être lucide sur ses points faibles tout en étant conscient des efforts qu’il devra réaliser pour développer celles qui ne font pas partie du meilleur de lui-même. Voici une sélection non-exhaustive de celles qui nous paraissent fondamentales et qui sont l’apanage des dirigeants d’aujourd’hui.

Prendre et gérer les risques.

Lancer son entreprise représente par nature une prise de risques. En dehors des risques financiers pris par le dirigeant, la vie de l’entreprise reste une prise de risques régulière avec des initiatives qui seront la clef d’un succès et d’autres qui échoueront. Celle-ci demeure essentielle, car s’il peut apparaître confortable de rester sur ce qui marche bien, vous ne pouvez pas nier que votre environnement évolue constamment: nouveaux concurrents, réglementation changeante, apparition de nouvelles technologies, crise économique, nouvelles tendances et exigence du marché… Au final, ne pas prendre de risques pour un chef d’entreprise constitue en soi une prise de risques.

Ne jamais rester sur vos acquis.

D’autre part, si vous décidiez de rester sur vos acquis, le risque pourrait être la lassitude de vos équipes à vivre la stagnation car elles ne pourront s’empêcher de comparer votre entreprise à la concurrence qui elle ne cesse de se lancer des défis et qui se développe grâce aux initiatives qu’elle prend. À contrario, avant de prendre des risques à tout va, sachez que vous devrez gérer cette prise de risques car il ne s’agit pas d’en prendre des démesurés ou qui feraient vivre en permanence un sentiment d’instabilité à vos collaborateurs.

Philippe Abrahami, PDG du groupe NetMakers émet un conseil judicieux sur la prise de risques : « Avoir une vision résolument optimiste, mais aussi prévoir un plan B dans l’hypothèse la plus basse. Se demander, dans le cas où tout ne se passerait pas comme on le voudrait, si on va dans le mur ou bien si on a une issue de secours. »

Devenir économe … sans devenir pingre.

Bon nombre d’entreprises tombent alors que l’argent coulait à flots quelques mois auparavant, situation courante notamment après une levée de fonds. Si cette dernière paraît souvent l’objectif de grand nombre d’entreprise, elle est en réalité la première étape car l’argent peut fondre au soleil par manque de rigueur. Rappelons au besoin que la trésorerie représente le nerf de la guerre bien au-delà du commercial dans les entreprises. De nombreuses sociétés périclitent alors qu’elles sont rentables faute d’avoir les liquidités nécessaires.

Maîtrisez votre budget

Il vous faudra donc apprendre à bien maîtriser votre budget et à devenir économe. Il est de notoriété publique que la trésorerie est le facteur numéro un de stress chez le chef d’entreprise. À l’inverse, une trésorerie confortable motive le dirigeant tout en offrant des opportunités de développement et une augmentation des possibilités stratégiques. Si vous devez appliquer des règles de prudence, n’oubliez pas tout de même que vous devrez prendre certains risques. Chercher l’économie partout dans l’entreprise peut vite se révéler un frein à son développement. Enfin, surtout appliquez à vous-même la rigueur que vous imposeriez à vos collaborateurs.

Stéphanie Pellaprat, fondatrice de Restopolitan, qui offre un logiciel de réservation destiné aux restaurateurs, met en exergue la rigueur qu’elle s’applique :« Avoir une mentalité d’épicier : « J’achète un, je vends deux. Il ne faut pas perdre un centime. On peut l’oublier mais le but de l’entrepreneur, c’est chaque jour de faire gagner de l’argent à sa société. »

Savoir s’organiser et utiliser les outils technologiques pour gagner du temps.

S’il y a bien une qualité dont le chef d’entreprise doit disposer, c’est de savoir s’organiser et de gérer son temps. Ses journées sont bien souvent à rallonge et ses semaines avoisineraient en moyenne les 60 heures. Pour éviter les pertes de temps face à un nombre de tâches et responsabilités les plus éclectiques, l’organisation reste un maître mot. Le dirigeant doit se révéler particulièrement efficace et productif. Pour commencer, il est souvent conseillé de créer une « to do list », autrement dit une liste des tâches que vous devez effectuer. Ensuite, mesurez le temps nécessaire pour chacune des tâches et hiérarchisez-les suivant leur degré d’urgence et d’importance. Une fois cette liste établie, vous pourrez déterminer le moment de leur réalisation en fonction de ces critères.

Ne figez pas votre to do list !

Rajoutez au fur et à mesure les nouvelles tâches, mais également à prévoir des moments pour les imprévus dans votre journée. Cette liste vous permettra de suivre votre avancée tout au long de la journée et vous éviterez ainsi de stresser, car vous arrêterez de vous dire « je dois faire cela, j’avais oublié ! ». Mais cette liste ne représente pas la seule manière de vous organiser puisque vous pouvez mettre en place des outils notamment informatiques qui automatiseront des tâches telles que pour les relances, les alertes, les e-mailings, les rappels de rendez-vous… N’hésitez pas également à insérer dans vos tâches celles qui sont relatives à votre santé et votre bien-être : alimentation, sport, hygiène de vie, temps avec sa famille…

Être fainéant et créatif.

La fainéantise comme qualité pourrait paraître comme une suggestion provocatrice au premier abord, mais elle est en réalité essentielle. Tout chef d’entreprise cherche à optimiser son temps et à avoir le maximum de rentabilité par rapport à un effort donné mais il a pour mission primordiale de rester créatif pour acquérir les outils qui lui feront gagner du temps pour innover, pour trouver des solutions face à une difficulté de trésorerie, une stagnation du chiffre d’affaires, des ruptures de la chaîne logistique… Pour que le développement de l’entreprise soit optimal, il sera souvent obligé de trouver un nombre considérable de procédures et d’analyser les nouvelles opportunités qui se présentent et d’innover dans son secteur. Donc réduire certaines tâches chronophages en utilisant des outils performants, gagner du temps, en évitant d’utiliser son énergie à fonds perdu nous permet de dire que la fainéantise est susceptible de devenir une valeur.

Savoir prendre une décision

Cela peut paraître évident, mais certaines personnes ont parfois du mal à trancher et tergiversent à n’en plus finir et préfèrent laisser le temps s’écouler. Pourtant, le rôle du chef d’entreprise est bien souvent de prendre des décisions notamment lorsque les équipes arrivent à une situation de blocage. Des décisions vous en prendrez et beaucoup, certaines se révéleront d’excellentes idées alors que d’autres des expériences fâcheuses dont il vous faudra supporter les conséquences. Vous pouvez avoir à décider d’une direction à prendre, de l’achat d’un logiciel ou d’une machine, d’une embauche, de laisser tomber un mauvais client…

N’hésitez pas à consulter !

Vous devrez peser le pour et le contre et parfois dans l’urgence. Ne craignez pas de prendre des décisions, car c’est l’absence de décision qui est souvent la cause de perte de temps et d’argent. N’hésitez pas à consulter autour de vous en cas de doute que ce soit vos amis, vos salariés, vos fournisseurs ou encore vos partenaires… Une fois les avis récoltés, il vous faudra relever le challenge.

Ne pas avoir peur de l’échec.

Si vous croyez que vous vous trompez serait malvenu, ne rien faire serait encore pire. 100 % des gens qui ont réussi quelque chose ont tenté une aventure périlleuse. Ce qu’il faut bien comprendre dans la nature même du chef d’entreprise c’est que comme nous l’avons vu plus haut, vous serez amené à prendre des décisions tous les jours et tout le temps. Ce qui est important n’est pas tellement de se tromper dans une décision, car cela arrivera souvent, ce qui est fondamental reste d’en tirer les leçons pour ne pas renouveler sans cesse la même erreur. Alors, prenez vos échecs comme des opportunités. L’inventeur de l’ampoule électrique Thomas EDISON disait ainsi : « je n’ai pas échoué mille fois. J’ai simplement découvert mille façons de ne pas faire une ampoule électrique. »

Être ouvert et devenir un bon communicant.

En tant que chef d’entreprise, vous êtes le premier vecteur de communication de votre entreprise et ceci à tous les niveaux. Vous êtes le représentant par excellence de votre entreprise et celui qui véhicule sa vision et fédère les équipes. Une des qualités essentielles du chef d’entreprise reste donc sa capacité à bien communiquer et donc à être ouvert d’esprit. N’oubliez pas que votre vision doit être transmise tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise. Les publics seront éclectiques : clients, prospects, parties prenantes telles que les fournisseurs, partenaires privés ou institutionnels, médias, élus, associations, syndicats, administrations, académiques…

Vous devrez communiquer sans cesse.

Depuis quelques années, l’entrepreneur incarne de plus en plus l’entreprise et les enjeux de cette dernière sont devenus des questions de société : risques sanitaires, écologie, équilibre vie professionnelle / vie privée, discriminations… Des sujets sur lesquels vous devrez prendre la parole au sein de votre entreprise et en dehors. Accompagner le changement, lutter contre les habitudes ou la résistance à celui-ci en relayant les messages et en se dégageant du temps fait partie des incontournables de la communication, souvent bien difficiles à mettre en œuvre. Dans une interview pour Dynamique Bruno Massiet du Biest, fondateur de 118 218 donne les clefs d’une communication réussie : « Créez le buzz. Ne pensez pas à valoriser votre produit par rapport à celui des concurrents, mais plutôt à être plus subversif qu’eux ! L’humour et l’originalité sont précieux. »

Être exemplaire. Un leader se doit d’être exemplaire.

Aujourd’hui, les nombreux scandales ont induit une perte de confiance dans les dirigeants. Il existe dans l’exemplarité la volonté de se conformer à ses engagements même si cela vient au détriment de ses propres intérêts. Nous aurions pu mettre cette qualité en n°1, mais nous avons choisi de garder ce principe que Dynamique s’applique à respecter depuis plus de 10 ans. Il s’agit d’ailleurs d’un des messages récurrents de notre rédaction.

Personne n’est parfait !

Personne n’est parfait certes, mais vous devez pourtant rester autant que possible exemplaire c’est-à-dire faire de la transparence un modèle de conduite. Commencez par ne pas vous attribuer tous les mérites et surtout tenez vos promesses et vos engagements. Votre comportement donne confiance, génère l’adhésion et permet d’affronter les pires difficultés.

Et surtout : restez de bonne humeur ! Votre joie se communique et il reste toujours plus agréable et motivant d’arriver dans un endroit empli de bonheur. Patrick Dumoulin, directeur général de Great Place to Work, résume : « La confiance reste le moteur principal d’un mieux-vivre ensemble : le bien-être des collaborateurs, au-delà d’être la condition-clé de la performance économique des entreprises, contribue à la construction d’une société meilleure où il ferait bon travailler, mais aussi bon vivre. ». Quant à Boris Saragaglia : « Il faut que vous sachiez où se situe l’argent dans vos valeurs. En comprenant où vous placez le curseur, vous serez en mesure de trouver les bonnes personnes, celles qui sont en phase avec vous, pour compléter votre équipe. »

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