Interview de Pierre-Antoine Durgeat, Fondateur de NovaCodex

Comment êtes-vous arrivé à l’entrepreneuriat ? 

Ingénieur de formation, j’ai rejoint une start-up, SNV fondée par Gabriel Viellard et Nicolas Gagnez, à 21 ans en tant qu’actionnaire, alors même que j’étais encore à l’école. L’entreprise réalisait les inventaires photos des villes qu’on trouve désormais sur le site internet des Pages Jaunes. SNV a ensuite été rachetée par France Télécom. Mappy s’était établie avec succès sur le minitel, mais le business model devait être rénové pour s’appliquer à Internet. SNV est alors devenue Mappy, dont j’ai pris la direction technique en 2001. L’entreprise était une filiale de France Télécom mais n’avait pas été absorbée afin que nous gardions notre énergie entrepreneuriale.

D’où vous vient cette envie d’entreprendre ?

Pour moi c’était une évidence ! Déjà parce que je n’ai jamais supporté le fait d’avoir un patron et ensuite parce que créer sa propre structure procure un sentiment d’infinie liberté. Entreprendre donne l’impression de réellement contrôler son destin et d’aller vers ce qui nous intéresse. D’autre part, je savais qu’en tant qu’ingénieur je ne ferai jamais fortune. Ma seule clé pour prendre un peu d’ampleur et ne pas me cantonner à des tâches exécutives était de devenir entrepreneur.

Lors de votre première création, aviez-vous déjà vécu une expérience de gestion d’entreprise ?

Je m’y étais simplement initié grâce à la Junior Entreprise. Comme je n’avais pas de réelle expérience, je me suis associé avec deux personnes qui avaient, eux, un vrai parcours d’entrepreneur. Grâce à leurs compétences complémentaires, nous bénéficiions d’une bonne expertise. 

Comment s’est construite l’idée de SNV ? êtes-vous parti d’un besoin du marché ?

Dans une création d’entreprise, je pense qu’on part toujours d’une idée, puis on cherche le besoin que pourrait venir satisfaire cette idée qui, à son tour, nourrit l’idée. Une idée qui se construit autour d’un besoin peut avoir un énorme potentiel. Pour cela, les entrepreneurs doivent en permanence garder les yeux bien ouverts afin de détecter les envies des clients.

Après SNV et MAPPY, quels ont été vos projets ?

J’ai rejoint en tant qu’associé l’entreprise Boonty, spécialisée dans le secteur des jeux vidéo qui a réalisé la plus importante levée de fonds de l’année en réunissant 10 millions d’euros. Puis, en 2006, j’ai cofondé DisMoiOù , une application iPhone qui permet de rechercher localement des commerces, bars, restaurants… J’ai quitté cette société en 2008, dès que la première version a fini d’être réalisée.

Pourquoi ce choix ?

Je pense aussi que certains sont des « démarreurs de société », tandis que d’autres sont doués pour les faire grandir : ce sont les « développeurs ». Un dirigeant devrait régulièrement se mettre devant sa glace et se poser la question : « Suis-je le meilleur pour le développement de la boite ou non ? ». Même si quitter une entreprise reste toujours douloureux, il faut dépasser l’égo surdimensionné et réfléchir davantage à l’intérêt de l’entreprise.

Un mot sur votre actualité ?

En 2009, j’ai monté NovaCodex une société de conseil. J’ai également monté depuis peu AdVentori, une société spécialisée dans la publicité geo-localisée. Et il est peu probable que ce soit ma dernière aventure entrepreneuriale !

Vous investissez-vous également en tant que Business Angel ?

Oui, j’aide désormais quelques entrepreneurs. Cette activité est pour moi une passion mais je pense qu’elle relève également de ma responsabilité. Les entreprises qui démarrent aujourd’hui constitueront demain le tissu industriel de la France. Les entrepreneurs qui ont réussi ont une certaine obligation morale de transmettre aux autres les choses qu’ils ont apprises à travers leur parcours. 

Comment avez-vous géré vos rapports avec vos différents associés ?

Construire sa relation avec ses associés, est un travail sans fin. Comme avec le mariage, il faut savoir se répartir les rôles, soutenir l’autre dans les moments difficiles et opérer des réorientations quand il le faut. Il nous est bien sûr arrivé d’avoir des conflits. Si nous n’arrivions pas à les régler seuls, nous faisions appel à des médiateurs pour désamorcer la situation. Les conflits entre associés ne sont pas rares car les entrepreneurs ont la plupart du temps de sacrés caractères ! 

Votre famille vous a-t-elle aidé ?

Ce sont surtout mes amis qui m’ont beaucoup aidé. Ils n’ont jamais douté de moi, ce qui a été essentiel pour que je garde confiance. Parfois, mes amis m’ont soutenu alors même qu’ils ne comprenaient pas ce que je faisais ! Ils me voyaient heureux, alors ils m’encourageaient à continuer sur ma voie. 

Votre engagement entrepreneurial a-t-il joué sur votre vie de couple ? 

On se marie souvent tard quand on est entrepreneur. Ma femme m’a connu entrepreneur donc je n’ai pas eu à négocier ! Elle me soutient beaucoup, ce qui est primordial car on ne peut pas se battre sur tous les fronts et avoir en plus à persuader son conjoint tous les soirs du bien-fondé de son projet.

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