Pourquoi les patrons français s’exportent de plus en plus à l’étranger

Qu’ils créent leurs entreprises à l’étranger où qu’ils soient courtisés par des grands groupes internationaux, de plus en plus d’entrepreneurs et de haut cadres français font le choix d’exercer leurs talents à l’étranger où leurs compétences semblent reconnues à leur juste valeur. D’où vient le succès des patrons français aux quatre coins du monde ?

Un mouvement d’expatriation qui ne se dément pas

Depuis quelques années, l’appel des sirènes internationales a séduit de plus en plus d’entrepreneurs hexagonaux. Par exemple, le groupe allemand de grande distribution Metro a offert en 2012 la division des hypermarchés Real à Didier Fleury, en provenance de Carrefour. En 2014, Didier Leroy devient vice-président exécutif de Toyota, premier constructeur mondial : une véritable révolution pour le groupe nippon. Dans le secteur pharmaceutique, les français sont particulièrement courtisés : on pense à Pascal Soriot, qui est à la tête du suédo-britannique AstraZeneca ou à Christophe Weber, patron du japonais Takeda. Ces managers formés en France et très courtisés à l’étranger par des multinationales ne sont pas les seuls à s’exporter. De plus en plus de jeunes entrepreneurs fondent des start-up en dehors de la France, avec succès. C’est le cas d’eXo Platform, start-up d’édition de logiciels, dont le PDG est Benjamin Mestrallet qui a choisi d’installer le siège social de sa société en pleine croissance en Californie. Selon une étude de l’EDHEC réalisée en 2015, 69% des élèves des prépas commerciales souhaitent s’expatrier à la fin de leurs études. 

La bonne réputation de la formation française

Quelle est la recette du succès des « frenchies » en dehors de nos frontières ? La raison principale réside sans doute dans la bonne réputation de la formation française. Les managers français sont réputés pour leur rationalité, leur esprit d’analyse et de système. Ainsi, parmi les entrepreneurs français présents au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas 2015, la quasi-totalité d’entre eux ont suivi jusqu’au terme leur formation en France (Paris 6, HEC et ESIEE étant les plus représentés parmi eux). Hubert Joly, lui-même diplômé d’HEC, directeur général de l’américain Best Buy résume ainsi les qualités perçues outre-manche des managers français : « les Américains reconnaissent aux Français une formation aux fondations fortes et une vraie culture ».

Les dirigeants et entrepreneurs français posséderaient un autre avantage de taille. Beaucoup ont déjà été à la tête d’une structure privée en France, où la gestion d’une entreprise est réputée difficile du fait de l’environnement culturel et réglementaire. Alain Casparros, haut dirigeant du groupe allemand de supermarché Aldi, confirme cet état de fait en expliquant que gérer une entreprise en France est nettement plus difficile qu’en Allemagne.

Une obstination à quitter la France ?

Enfin, la dernière explication de ces succès à l’international est plus prosaïque. D’une part, la grande majorité des décideurs français ou étudiants dans une école de commerce ou d’ingénieurs possèdent déjà une expérience d’expatriation temporaire à l’étranger (plus de 40 000 étudiants des grandes écoles françaises font chaque année une partie de leur cursus à l’étranger). Par ailleurs, 15% des jeunes diplômés s’expatrient à la fin de leur cursus (dont plus de 35% de ceux d’HEC). Une majorité d’entre eux déplorent l’environnement social et l’état de l’économie, selon une étude réalisée en 2014 par l’IFOP. Et si le succès des français à l’étranger ne venait finalement pas simplement de leur obstination à partir de France ?

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