Marie Christine Oghly : Une femme engagée

Entretien avec Marie Christine Oghly, présidente du MEDEF île-de-France et créatrice d’entreprise

Pourquoi avez-vous entrepris ?

Au début, il s’agissait du fruit du hasard puisqu’un groupe américain m’a contacté afin de me proposer de créer une société avec eux. J’avais le goût du challenge et l’envie d’être autonome. En créant mon entreprise, j’ai pu réaliser ces deux choses.

Avez-vous été remise en cause par vos salariés ?

Au début oui. Je pense que les salariés challengent toujours plus ou moins leur dirigeant. à l’époque, les femmes entrepreneurs ne courraient pas les rues et j’ai du faire mes preuves notamment en ce qui concerne les aspects techniques. Une fois cela fait, tout nouvel arrivant était informé par les autres salariés.

Est-ce que vous avez été soutenue par votre entourage ?

Oui, j’ai eu la chance d’être bien soutenue, notamment par mon conjoint. Je pense que créer nécessite le soutien du conjoint, quand on est en couple. Le parcours de l’entrepreneur est parsemé d’embûches et, dans les moments difficiles, son soutien peut s’avérer déterminant. Lorsque je me suis présentée aux différents mandats que j’ai eus au sein du MEDEF, j’ai réellement pu compter sur le soutien de mon conjoint.

Quelles sont les raisons pour lesquelles les femmes entreprennent ?

Les femmes décident souvent d’entreprendre pour créer leur propre emploi, ce qui n’était pas mon cas. En moyenne, elles se lancent vers la fin de la trentaine (39 ans en moyenne), après avoir élevé leurs enfants ou parce qu’elles rencontrent des difficultés pour construire une carrière en entreprise.

Quels sont les freins à leur création d’entreprise ?

Le premier frein se situe généralement du côté des banques. Il y a encore peu, on faisait remarquer à une femme entrepreneur qu’elle serait mieux chez elle ! Cela a quelque peu changé avec la crise, même si le risque de retomber dans ces travers n’est pas exclu. C’est dommage que ces préjugés soient répandus car il est avéré que le taux de réussite des femmes est plus élevé. Ensuite, ce sont les difficultés classiques à tout entrepreneur : développer un réseau professionnel, une clientèle, obtenir les financements pour démarrer…

Dans quel secteur les femmes entreprennent particulièrement ?

Les femmes sont plus présentes dans les services, la communication, le marketing, les ressources humaines ou encore les relations presses. On voit d’avantage de créations féminines dans les domaines de métiers prisés par les femmes.

Quelles sont les différences entre un homme et une femme dans le processus entrepreneurial ?

En général, elles sont plus prudentes que les hommes vis-à-vis des investissements et de la gestion. Ceci provient peut-être de leur côté « mère de famille » : elles font attention à ce qu’elles vont dépenser dans l’entreprise. On sait que, pour la jeune entreprise, il s’agit d’une question cruciale, ce qui explique peut-être le meilleur taux de survie des entreprises qu’elles créent.

Il y a également des différences managériales. Les femmes sont plus sensibles au bien être de leurs salariés, partant du principe qu’ils travailleront mieux s’ils se sentent bien. Ainsi, on trouve souvent dans les entreprises détenues par des femmes des crèches d’entreprises ou des méthodes de gestion du temps plus poussées.

Ensuite, elles ont une plus grande facilité à travailler en équipe que les hommes, gèrent bien le coté commercial, ont un bon relationnel, de la persévérance et de la ténacité…

Enfin, je pense que les femmes sont aussi en général plus éthiques. Par le terme d’ « éthique », j’entends de la clarté, de la transparence et de la rigueur dans la gestion.

Est-ce qu’il faudrait que le gouvernement propose des mesures incitatrices pour que les femmes créent des entreprises ?

Je pense que le gouvernement ne doit pas en faire plus. Un des éléments qui caractérise les entrepreneurs est le goût du risque. Entreprendre restera toujours une prise de risque et, s’il n’y a plus d’effort à fournir pour entreprendre, il n’y aura plus de vrais entrepreneurs.

Pourquoi les femmes entrepreneurs ne sont-elles pas médiatisées ?

Je pense que les femmes sont naturellement plus discrètes et ne souhaitent pas être trop mises en avant. Les journalistes font plutôt intervenir les femmes dont la réussite est déjà avérée.

Est-ce que beaucoup de femmes séniors entreprennent ?

Dans la tranche d’âge des plus de 60 ans, peu de femmes encore entreprennent.

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