L’innovation par les startups : avec quelle efficacité ?

Nous entrons dans la « postmondialisation » : progressivement, seuls les matières premières et les produits et services d’exception s’échangent entre les grands blocs économiques. Dans ce contexte, l’innovation devient un des principaux vecteurs de compétitivité, non plus pour les entreprises, mais les nations elles-mêmes.

Les business angels, le crowdfunding et les usines à startup

Notre compétitivité passe désormais par la maîtrise des nouveaux processus d’innovation dans le tissu économique, désormais mondialisé.

Or, depuis 10 ans, ces processus ont beaucoup évolué.

Le financement des startups innovantes est une des composantes de ce processus, soudain perturbé par l’arrivée du « financement participatif », appelé aussi crowdfunding. Ce mode de financement a pour but de ré-aiguiller l’épargne publique vers l’économie réelle. Soutenue pas Obama, elle est appelée à être mondialisée. Son irruption dans nos pratiques de l’innovation nous place face à nos responsabilités quant à notre manière de faire éclore, de retenir et d’attirer des startups innovantes.

L’épargne publique, désormais ouverte aux projets du monde entier, ne s’intéressera qu’aux startups localisées sur des terres d’accueil favorables à l’innovation.

Les plateformes de « financement participatif » internationales sont déjà à nos portes. Elles gagnent leur vie en prélevant 10 % des sommes collectées. Actuellement, nos (rares) business angels prélèvent tout au plus 2,5 % pour assurer le fonctionnement de leur club. Or, à y regarder de près, nous constatons qu’ils apportent bien plus que du financement. Issu du monde de l’entreprise, ils mettent à disposition leur savoir-faire, leurs réseaux de relations et une précieuse capacité à relier le futur au passé. Autant de richesses immatérielles qui ne s’apprennent pas dans les livres et qui ne s’obtiennent pas par injonction. En revanche, leurs moyens sont inexistants, leurs outils et leurs méthodes sont peu professionnalisés et le peu de récompenses qui leur sont octroyées rendent leurs contributions incertaines.

Les nations qui s’appuient sur leurs anciens entrepreneurs pour accompagner les nouvelles générations obtiennent de meilleurs résultats que nous, en France. Bien évidemment, croire que sans moyens ni reconnaissance, nos business angels vont jouer un rôle stratégique dans le « redressement productif » est une illusion.

Pour le moment, en France, les plateformes de financement participatif ont des marges de manœuvre limitées en raison des règles liées à l’appel à l’épargne publique. Ceci n’empêche pas les pionniers de se mettre en place avec détermination et professionnalisme.

Par ailleurs, nos « grands angels » se professionnalisent également. 

Ainsi, les business angels traditionnels se trouvent pris en tenaille entre les grands angels et les crowdfunders qui se donnent les moyens de capter les meilleurs dossiers : les uns avec de gros tickets sur peu de projets, les autres avec des petits tickets sur un grand nombre de projets. 

Ces trois acteurs doivent être placés en synergie et non en concurrence. Mais au-delà du débat sur la manière de favoriser cette synergie, il est important de revenir sur le manque de fiabilité de notre processus de création d’entreprises innovantes.

La publication « des business angels au Crowdfunding » décortique méthodiquement la situation actuelle puis propose des solutions.

Il ressort de cette publication qu’il est nécessaire de regarder en face les causes de notre inefficacité. Les efforts consentis à l’innovation ne sont pas à la hauteur des résultats : la France perd en compétitivité et le renouvellement des PME et des ETI n’est pas assuré.
Comme toujours, le diable se cache dans les détails, ce qui donne à penser que notre modernisation va être un vaste chantier. Néanmoins, notre retard nous donne l’opportunité d’intégrer directement les spécificités du 21ème siècle. 

En effet, une approche complètement nouvelle se présente à nous : celle qui consiste à considérer la prise de risque liée à l’innovation, non pas projet par projet, mais thème par thème. Dans cette approche, les trois familles d’investisseurs privés peuvent occuper une place complémentaire (family office, business angels et crowdfunders).
Les business angels, en particulier, s’avèrent stratégiques pour leur connaissance de l’entrepreneuriat. Selon les résultats obtenus dans d’autres pays, leur expertise est précieuse, à condition que leur travail soit reconnu et récompensé.

Nous savons que la structure du tissu d’entreprises du 21ème siècle sera très différente de celle du 20ème siècle. En nous fixant comme objectif de fiabiliser l’entrepreneuriat innovant, nous finirons, assurément, par mettre en place les entreprises qui vont être capables de prendre place directement dans l’économie circulaire (cradle to cradle) et l’économie des fonctionnalités (biens partagés). Nous serons également capables de monter des entreprises de toutes sortes quant à l’amplitude de leur capitalisation : des entreprises de service comme des entreprises industrielles.

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