Pourquoi être chef d’entreprise peut être ingrat ?

Être chef d’entreprise fait rêver plus d’un salarié. Pourtant, la fonction de dirigeants et notamment quand il s’agit d’entrepreneuriat se révèle très souvent loin d’être idyllique et représente souvent plus à un parcours du combattant qu’à une promenade de santé. Elle peut même s’avérer très ingrate dans certains cas et faire regretter à certains d’avoir pris la décision de créer leur entreprise, quand bien même l’enseignement serait riche. 

Les heures et le salaire

Tous les entrepreneurs vous le diront : être chef d’entreprise notamment dans les débuts c’est au minimum 60 heures par semaine quand ce n’est pas beaucoup mais alors beaucoup plus. Exit les week-ends et souvent les vacances. S’il est clair qu’à termes le salaire moyen (et donc pas celui de tout le monde) est légèrement supérieur à la moyenne, il ne l’est clairement pas au rapport du temps de travail moyen. Il est même bien moindre. Souvent les chefs d’entreprises gagnent autant que les stagiaires (voire moins) au début. Ils doivent se contenter de leurs indemnités chômage les premières années (donc moins que leur ancien salaire) tout en multipliant par deux voire par trois leurs horaires de travail. 

Un travail pas forcément payant

Créer sa boite représente clairement un pari qui peut s’avérer payant … ou pas. Si votre entreprise survit, ce qui n’est clairement pas un acquis malgré la très forte confiance de l’ensemble de ceux qui se lancent, il n’est pas sûr qu’elle ne fasse pas que vivoter ou que lorsqu’elle commence enfin à décoller un revirement des habitudes de consommation, une nouveauté technologique ou encore un confinement ne viennent pas à bout des milliers d’heures d’efforts. Rien na garantit le succès de l’entreprise et il faut bien le prendre en compte dès le départ. Votre travail n’aura pas forcément de récompense et vous n’arriverez peut-être jamais à vous verser de salaire. 

Des problèmes à régler tout le temps

En tant que décideur ultime, vous êtes également celui qui va gérer une très très très grande quantité de problèmes. Au début, tout le monde se tournera vers vous en quête de solutions. Vous allez non seulement devoir gérer des problèmes pour lesquels vous avez des solutions mais aussi certains que vous n’aviez absolument pas appréhendés lorsque vous étiez salarié. De nombreux chefs d’entreprises se définissent comme des machines à résoudre des problèmes. Il s’agit d’un des grands domaines où il s’agit d’évoluer rapidement en termes de gestion du stress car vous risquez, à défaut, de faire le yoyo émotionnel et de ne pas tenir très longtemps. L’un des grands acquis de la fonction consiste à cette capacité à résoudre les problèmes et à gérer son stress. 

Vous êtes de l’autre côté

Qu’on se le dise, bon nombre de vos salariés ne vous considèreront jamais plus comme un autre salarié. Si la majorité des travailleurs arrive à considérer leur patron comme un être humain, certains semblent nés pour être dans l’opposition. Pour certains, vous serez un ennemi ou un être à part et ils chercheront à mettre d’un côté les salariés et vous de l’autre. Peu importe les efforts que vous pourrez fournir ou les sacrifices que vous ferez, ce n’est sera jamais assez.

Même si vous gagnez moins que vos équipes, que vous effectuez le triple d’heures et qu’aucun bénéfice ne vous a jamais été versé, vous n’en demeurerez pas moins de l’autre côté de la rive.  Ils trouveront toujours une raison pour vous détester sans chercher à comprendre car pour eux il y a d’un côté les patrons et de l’autre les salariés. Ils se considèrent en général comme « exploités » quoi qu’il arrive. En vous souhaitant de ne jamais les embaucher. 

Une déstabilisation sociale

Lorsque vous devenez chef d’entreprise, vous pouvez passer du statut de cadre respecté et influent à celui d’entrepreneur. Vos moyens financiers peuvent fortement être affectés mais également votre statut social qui peut en prendre un coup. S’il s’agit d’une bonne occasion de faire le tri parmi vos « amis », ce changement peut perturber fortement vos habitudes de couple par exemple. Si vous aviez l’habitude de partir en vacances avec votre conjoint ou encore d’aller dans des restaurants gastronomiques, vous allez peut-être devoir revoir vos exigences et vous contenter de pâtes pendant des années. De la même manière, si vous aviez l’habitude d’offrir des cadeaux vous pourriez très rapidement revoir le nombre de vos cadeaux à la baisse voire à l’inexistence malgré le fait que vous multipliez vos heures de travail comme un damné. 

Des risques partout

Bon passons le fait que vous risquiez le capital investi à la base car il est loin d’être celui qui vous fera le plus peur. Au-delà de vous retrouver avec celui-ci perdu, vous pouvez surtout vous retrouver au chômage sans avoir droit au chômage… Autrement dit, vous n’avez plus la protection qu’ont les salariés et vous n’avez même plus le droit de cotiser. Bien sûr, certains vous parleront d’assurances complémentaires mais avant de pouvoir y faire appel, vous devrez prendre en compte qu’il vous faudra déjà pouvoir vous payer pour les payer. Ensuite votre responsabilité est engagée un peu partout alors que vous n’êtes pas forcément maître de l’ensemble de la situation. Vous devez prendre des décisions parfois sans aucune visibilité et au-delà de prendre un risque en termes de revenus en tant que gestionnaire. 

Un stress à canaliser tout seul

On parle souvent de l’isolement du chef d’entreprise et ce n’est pas pour rien. Dans bon nombre de situations, vous êtes le seul à avoir l’information et à maîtriser ce qu’elle représente pour l’entreprise notamment si on parle de difficultés financières. Au-delà même du fait que vous deviez prendre certaines décisions difficiles comme faire sauter un salaire, vous payer en retard, vous pouvez être le seul à être au courant de la situation. Si les clubs d’entrepreneurs peuvent représenter de bons lieux de décompression, il faut bien avouer que vous êtes seul et que vous allez prendre parfois le parti de « cacher » des éléments comme le fait de suspendre votre rémunération afin de ne pas inquiéter certains salariés. S’il reste de bon usage de les avertir en cas de danger quant à leur poste et qu’il vaut mieux toujours être transparent, vous vous sentirez parfois bien seul. 

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