Entreprendre en région, oui mais pourquoi ?

Interview d’Antoine Colson, fondateur de parcours France sur les raisons et les méthodes pour s’implanter en région

Tu as monté un salon qui met en valeur les régions, qu’est-ce qui t’en a donné envie ?

J’aime ce qui se passe en région. Je trouve qu’il s’y déroule des choses riches et positives. Que ce soit dans les grandes villes ou même à la campagne, on trouve des initiatives et des projets très innovants ! Mais pour des tas de raison on a toujours le regard un peu trop porté sur Paris. Les médias, les politiques, nos gouvernants ne voient que par Paris ! C’est bien dommage. Parcours France, c’est le lieu de rendez-vous de celles et ceux qui veulent bouger et faire bouger les régions !

Entreprendre en région aujourd’hui est-il mieux qu’hier ?

Le niveau de concentration des entreprises en région parisienne peut rendre le développement de certains projets délicats notamment ceux liés à des problématiques tels que le marché de l’immobilier, le coût du travail qui est 40% plus cher qu’en province mais aussi au turnover des salariés. Aujourd’hui quand tu es en région avec la fibre (…), tu peux travailler comme à Paris. S’empiler tous les uns sur les autres au sein d’une capitale s’impose moins qu’avant. D’après l’INSEE 3 000 entreprises franciliennes se délocalisent chaque année en Province ! Même EADS a déménagé son siège de Paris à Toulouse l’année dernière !

Est-ce lié au développement des technologies et notamment d’internet ?

Tout à fait, même si historiquement la France est un pays centralisé, le développement des technologies concourt plutôt à une déconcentration et une décentralisation. La grande métropole est une invention des révolutions industrielles : on se concentrait pour produire dans des usines. Demain, avec le net, les emails, les téléconférences, l’impression 3D, les MOOC… rien n’imposera une telle concentration ! On passe pour moi à une nouvelle ère.

Que font-les régions pour aider ?

Cela passe par un accompagnement humain d’abord car autant à Paris on peut vite être dans l’anonymat, autant en région l’accompagnement individuel est privilégié.
Ensuite il y a des aides qu’elles soient financières, immobilières, pour le recrutement, des concours, des appels à projets, une mise en réseau.

Quelles sont les principales raisons pour aller en région ?

Pour moi, je dirais qu’aujourd’hui le coût du travail et de l’immobilier sont la première raison.
Ensuite, la proximité, que ce soit avec son banquier (qui a je ne sais combien de clients), l’administration ou n’importe quel acteur, peut être déterminante.
Il faut comprendre qu’en allant en région, tu n’es plus un anonyme parmi des millions. Ensuite, il y a des régions en plein booms, en pleine croissance et qui se développent… Certaines sont même en plein emploi ! Ouvrir un commerce lorsqu’il y a une croissance démographique peut représenter une belle opportunité. La concurrence est également moindre et souvent, on le constate dans la franchise, les franchisés les plus rentables sont ceux qui entreprennent en région. Je vois aussi les régions comme un territoire d’opportunité pour tester des concepts car cela coute très cher de lancer quelque chose d’innovant à Paris.

Quelle serait ta démarche si tu allais en région ?

D’abord, je regarderais les coûts opérationnels et le coût de la vie. La première chose est de faire des simulations économiques. Deuxième chose, j’irais vite voir les interlocuteurs locaux que ce soient des responsables auprès des consulaires ou des entrepreneurs. Je chercherais avant tous des bons contacts humains. Enfin je l’intègrerais dans un projet personnel. Cela doit coller avec sa vie et pas seulement sa vie d’entrepreneur.

Dans quel cas il est intéressant de se déplacer en région ?

D’abord quand on est en croissance. J’ai de nombreux exemples d’entreprises qui ont décidé d’aller en région et qui se sont aperçus que pour recruter, pour avoir une nouvelle capacité de production, il fallait délocaliser en région. Je pense qu’il ne faut pas le dissocier du projet de vie de l’entrepreneur car on peut aussi dire que je veux bouger ma boite car je veux et le soleil et la qualité de vie.
D’autre part, il ne faut pas oublier tous les indépendants qui sont d’ailleurs ceux qui bougent le plus. Il est assez facile pour eux de se déplacer et de profiter de cette opportunité.

Quelle est l’entreprise type qui se déplace ?

L’entreprise type est une entreprise de 5 ans, de moins de 10 salariés avec une proportion importante de freelance ou de télétravailleurs et plutôt dans les services.

Est-ce qu’il n’y a pas le risque d’y avoir un effet néfaste sur les équipes actuelles ?

Je pense que si le départ est bien pensé, ce n’est pas le cas. Il faut d’abord bien sonder ceux qui veulent partir en province et penser qu’on peut le faire progressivement.
Rien n’empêche d’ouvrir une succursale en région, la développer et faire que le mouvement ne soit pas brutal. Au lieu de tout plier du jour au lendemain, de faire en sorte de déplacer petit à petit l’effectif. Vous pouvez garder également un « pied à terre » à Paris en conservant certains de vos effectifs où il se passe quand même pas mal de chose.

On a souvent une appréhension au niveau des bassins d’emplois et des compétences ?

Si on compare le niveau de formation à Paris, Marseille, Lyon ou Lille, ils doivent être quasiment identiques. Cela n’est pas vraiment la question. D’autant plus si on considère que beaucoup de Parisiens veulent quitter la capitale. D’autre part, il faut prendre en compte que les gens seront davantage attachés à pouvoir travailler dans leur région. Le turnover sera donc moins fort.

Pourquoi avoir décidé d’établir un classement ?

Il est important de valoriser l’entrepreneuriat en région, partout en France, de montrer qu’il y a des spécificités, que des start-ups se montent aussi en province. Mais aussi parce que les régions se bougent pour attirer chez elles les entreprises de demain. On parle beaucoup des régions où il fait bon vivre. On parle beaucoup du soleil et de la qualité de vie mais, même si l’entrepreneur y est sensible, cela ne me semble pas l’unique critère de sélection. Des données comme l’infrastructure, la dynamique entrepreneuriale c’est-à dire à quel rythme se créent des entreprises, se déposent des brevets, l’intensité de l’innovation, ne sont pas forcément corrélées au soleil. Mais aussi les facilités pour l’entrepreneur avec des données comme les crédits bancaires accordés, le taux de survie et la jeunesse et l’environnement.

Finalement pourquoi les gens vont-ils venir au salon ?

Déjà parce vous avez l’opportunité de rencontrer 150 exposants, de toutes régions qui cherchent à attirer des entrepreneurs ou des entreprises avec des dispositifs, des aides, un accompagnement personnalisé… Des opportunités en tous genres sont proposées : des concepts de franchise, des ateliers sur l’innovation, le freelance en régions ou les startups, et plus de 10 000 commerces et entreprises à reprendre !

RDV sur Parcours France, le salon pour vivre et réaliser vos projets en régions (7ème édition)

Paris, Espace Champerret le 14 octobre (de 10h à 20h). Informations et entrées gratuites sur ParcoursFrance.com

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