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Faut-il croire en les Google Glass ?

Depuis quelques semaines, vous n’avez pas pu échapper au buzz des « google glass », les lunettes en réalité augmentée de Google. Vous laisserez-vous tenter ? Petit tour d’horizon de ce que sont – et ne sont pas encore – ces fameuses lunettes.

Les lunettes Google, c’est magique

Imaginez que vous marchez dans la rue et vous ayez un accès instantané à des informations sur ce qui se trouve dans votre champ de vision. Vous êtes perdu ? Les lunettes vous guident en rajoutant des panneaux signalétiques et vous font prendre des raccourcis tout en vous prévenant du temps que vous allez mettre sur la ligne de métro que vous regardez. Plus besoin de sortir son caméscope ou son Smartphone pour immortaliser les moments que vous passez avec votre famille ou vos amis, filmez les paysages que vous visitez et dialoguez en visio avec une ou plusieurs personnes.

Tout ceci est désormais (presque) une réalité avec les lunettes de Google, qui vont faire de vous un « homme augmenté ».

Bien sûr, nombre de ces actions sont déjà possibles avec un Smartphone. Mais quel confort de se sentir « assisté » en toutes circonstances, et surtout de pouvoir disposer d’informations sans détourner le regard et en toute discrétion !

Un gadget de geek ? Oui, mais pas seulement ! Dans la vie professionnelle, il existe de nombreuses situations où obtenir des informations en gardant ses mains libres peut être d’une aide précieuse. Par exemple, les contrôleurs et agents de sécurité en tout genre devraient l’adorer, tout comme les chirurgiens, les bricoleurs, etc. Au supermarché, ces lunettes peuvent également être très utiles pour avoir des informations sur les aliments que nous sommes sur le point d’acheter (sa provenance, sa composition, ses apports nutritionnels, etc.). D’ailleurs, une startup française vient de faire un premier test avec Intermarché.

Mais il reste encore des problèmes à résoudre

Google a fait un grand pas en osant mettre sur le marché les premières lunettes (aux Etats-Unis), et, par là, s’exposer au verdict des premiers tests.

Il en ressort des faiblesses qui montrent que nous n’en sommes qu’au début de cette nouvelle génération de vision augmentée. Citons les plus importantes :

  • Commander ses lunettes sans utiliser un accessoire supplémentaire ou son Smartphone reste un challenge quasi impossible à atteindre. Certes, la reconnaissance vocale à la Siri a fait de gros progrès, mais elle nécessite une connexion de bonne qualité, un environnement pas trop bruyant et devient vite un cauchemar lorsque nous n’avons pas la possibilité de corriger « à la main » ses erreurs d’interprétation, notamment dans des situations « d’urgence ». Surtout, à quoi bon avoir gagné une discrétion absolue si nous devons gesticuler ou parler à voix haute dans le métro, pendant une réunion ou même dans une salle de concert ? C’est pourquoi Google a dû rajouter des commandes tactiles sur la branche des lunettes, mais les commandes restent intrinsèquement limitées.
  • La connexion internet est indispensable dans la plupart des situations – en dehors d’un monde qui serait baigné par le wifi ouvert (pas en France en tout cas !), le recours à une connexion mobile est donc indispensable, et compte tenu de la position des lunettes près du cerveau, cette connexion ne peut être logée dans les lunettes elles-mêmes. Pour l’instant la présence d’un autre objet connecté est donc requise (Smartphone dans la poche, clé 3G dans une voiture ou montre connectée)
  • La multiplicité des situations où de l’information peut être apportée dans le champ de vision crée un goulot d’étranglement… et la nécessité de disposer de moyens efficaces pour filtrer l’information à afficher à l’écran. C’est ainsi que Google limite pour l’instant à 10 la liste d’amis avec lesquels on peut partager les informations obtenues à partir des lunettes. Cette liste doit être pré-paramétrée à l’avance, anéantissant la promesse de liberté de ce média.

Le monde qu’annoncent les Google Glass

Compte tenu de ces limitations, les lunettes « augmentées » sont un premier essai et Google le sait. Comme à son habitude, il innove et ouvre un champ des possibles, puis observe les usages qui se développeront, créant au passage une communauté de fans et de développeurs qui aideront à créer le futur « OS des lunettes ».

A peine sortie, on annonce déjà des premiers accessoires, et tous n’émanent pas de Google : une montre connectée permettant de piloter ses lunettes, un bracelet intégrable aux vêtements, un système de pico-projection et détection des gestes pour écrire sur sa main.

Mais au delà de ce qui peut apparaître aujourd’hui comme un gadget, c’est la direction que trace ainsi Google pour notre futur proche, matérialisant les « prophéties » de chercheurs comme ceux de l’Institute for the future que j’ai eu la chance de rencontrer récemment au cœur de la SiliconValley :

  • La prochaine révolution, déjà en marche, est la combinaison entre le cloud (des ressources informatiques infinies et instantanées), le big data (la capacité à traiter des sommes phénoménales de données), et de nouvelles formes d’interface au contact direct avec nos sens (ici la vision)
  • Ces immenses capacités vont permettre par exemple de faire de la reconnaissance vocale efficace, fournir des informations prédictives (l’itinéraire que vous pourriez prendre plutôt que celui que vous prenez), traiter et filtrer l’information en fonction de votre profil et votre «historique numérique »
  • Simultanément se crée un problème d’infobésité, c’est à dire que ces nouvelles capacités d’archivage temps réel vont générer une masse d’informations colossale, qui devra être géolocalisée et mise à disposition pour des usages temps réels personnalisés, avec des algorithmes de décision de plus en complexes
  • La puissance et la précision de l’assistance par les machines va être telle que nous ne pourrons bientôt nous passer des services «augmentés » (comme nous ne pouvons déjà plus tolérer de ne pas avoir la masse de connaissance indexée par Google à disposition)… Nous devrions ainsi atteindre dans ce siècle l’an « zéro » où la capacité des ordinateurs dépassera définitivement la capacité des hommes (parfois appelée la « singularité technologique » 

Effrayant ? A vous de juger et réagir !

Toujours est-il que Google n’a fait qu’ouvrir une voie dans laquelle d’autres concurrents s’engouffrent déjà, y compris des startups françaises ou chinoises 

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