Bien choisir son associé

Interview de Xavier Cazard et Stéphane Villey, coauteurs du livre Création d’entreprise : bien choisir son associé. Ils sont coassociés d’Entrecom, une agence qu’ils ont créée en 1989 spécialisée dans la communication relationnelle, qui réalise aujourd’hui un chiffre d’affaire de 3 millions d’euros et compte 24 collaborateurs.

Comment choisit-on son associé ?

Le choix de l’associé se fait, en général, en fonction de la situation. Les créateurs d’entreprise, tout juste diplômés, auront tendance à choisir ses associés sur des critères d’affinité relationnelle et d’attrait pour le projet. Cependant, certains projets les portent davantage à privilégier un associé sur les compétences qui permettront de réussir.

En ce qui concerne la volonté de s’associer, elle intervient principalement dans les premières années de la vie active ou lors d’une rupture professionnelle. Dans le deuxième cas, les associés s’avèrent souvent des amis de même parcours professionnel qui décident de changer de carrière – c’est d’ailleurs notre situation. Le choix de l’associé peut aussi se porter sur le type d’associés recherchés : associé « capitalistique », dont le rôle consiste principalement à mettre du capital, associé « œuvrant » ou enfin associé mixte, qui assure les deux fonctions.

Ce que nous retenons de notre expérience, c’est que le critère le plus important pour choisir son associé, c’est de ressentir qu’on peut se partager le projet. Cela nécessite beaucoup de confiance et de proximité.

Pourquoi avez-vous décidé de vous associer ?

Dans mon parcours professionnel, j’ai pu faire l’expérience du travail en indépendant. Mais j’ai voulu aller plus loin en me lançant dans le développement d’une entreprise. Stéphane est venu me voir avec les mêmes aspirations et nous nous sommes associés à 50% en 1995. Ce n’est pas évident de monter une entreprise et on n’est jamais assez de deux pour relever le défi et franchir les obstacles !

Possédant tous les deux un parcours de journaliste, nous avions au départ des domaines de compétences assez proches. Puis au fil du temps des différences d’expertise se sont marquées. Cette expérience nous a appris que, s’il faut être capable de tout faire dans les débuts, il devient bon de se spécialiser sur des expertises complémentaires par la suite. L’entrepreneur doit, en effet, avoir une gamme de compétences extrêmement large, mais il faut aussi que les associés sachent se spécialiser afin de rendre les produits ou services, de plus en plus, en adéquation avec le marché.

Est-ce que cette association a altéré votre amitié ?

On ne peut pas nier que cela change complètement la relation. Du jour au lendemain on se retrouve avec des salariés et des responsabilités communes. Et on ne se voit plus vraiment en dehors du travail.

Il y a cependant un langage qui finit par se créer entre les associés, une vraie complicité, même si cela n’empêche pas, bien sûr, de vivre des hauts et des bas. Dans le cadre d’une association à deux, il faut être très vigilant : si on ne prend pas garde, on peut facilement déraper.

Est-il nécessaire de recruter un associé afin d’avoir un panel plus important de compétences ?

Tout dépend de la taille de l’entreprise. Le problème demeure qu’avoir toutes les compétences en interne a un certain coût pour l’entreprise. Il est préférable que les associés regroupent à eux toutes les compétences nécessaires à la vie de l’entreprise mais la réussite dépendra d’une répartition claire des rôles de chacun au sein de la société et de la communication entre eux.

Il est important de comprendre ce que fait l’autre, même si on ne sait pas le faire soi même.

Autrement dit, il faut pouvoir en comprendre les concepts et être capable d’en parler. Pourquoi cela ? Le client peut avoir besoin d’une information et il faut savoir y répondre précisément, même si elle ne relève pas de son propre champ d’expertise.

Pensez-vous que les entreprises ne communiquent pas assez en interne ?

Le cloisonnement des entreprises, le fait de ne pas savoir ce qui se passe d’une porte à l’autre, et le manque de fédération, c’est là que se porte l’action de notre société (Entrecom). Une entreprise ce n’est pas seulement produire des produits. C’est aussi fédérer les Hommes.

Ce qui fait la différence, c’est le fait d’être innovant et pour être innovant il faut savoir manager. Les entreprises françaises souffrent aujourd’hui d’un réel problème de management. Et il y a encore un long chemin qui reste à parcourir pour qu’elles soient enfin communicantes et qu’elles sachent créer plus d’enthousiasme.

Travailler avec un associé cela consiste aussi trouver les postures gagnantes. C’est savoir mettre des personnalités en relation pour avancer et créer une synergie en impliquant les salariés dans le projet. L’association permet de trouver une solution que ni l’un ni l’autre n’aurait trouvée seul. C’est la fameuse équation : 1+1 = 3.

Qu’avez-vous mis en place dans votre entreprise ?

Nous avons fait le choix de développer une culture d’entreprise forte en mettant en place une solide communication interne. Toutes les entreprises n’en sont pas encore à ce stade et il reste encore énormément de choses à réaliser. Les réseaux sociaux sont des modèles intéressants à observer. Aujourd’hui nos clients nous demandent de plus en plus de recourir à ce type de communication et qui se trouve être un bon moyen de centralisation, notamment dans des entreprises qui ont plus de collaborateurs en externe qu’en interne.

Quels conseils donneriez-vous à des futurs associés ?

Quitter la version mobile