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Le développement durable : une totale nécessité

Interview de Jean Michel GIRES, ingénieur de l’école Poly-technique, fait ses débuts dans l’administration, notamment dans le contrôle de construction des centrales nucléaires, il travaille ensuite à l’utilisation rationnelle de l’énergie ainsi qu’à la promotion des énergies renouvelables. En 1988, il rejoint le groupe Total. Depuis 2002, il est directeur du développement durable et de l’environnement.

Pourquoi Total s’est-elle engagée dans une politique de développement durable ?

Le développement durable est une aspiration importante de la société civile, le problème de la durabilité des ressources nous concerne tous. Total est impliquée dans l’énergie et les hydrocarbures. Or, Total a le souhait d’être un véritable acteur pour apporter des solutions et être un moteur dans le développement durable. Ce défi est essentiel pour Total.

Depuis combien de temps Total est engagée dans ce schéma ?

Les préoccupations liées à l’environnement sont apparues à la fin des années 80. Au sein de Total, cela fait déjà une quinzaine d’années que cette démarche se structure mais elle est devenue systématique depuis 5 ans. Dans la société civile, plus personne n’y échappe, c’est devenu un enjeu extrêmement important comme le montrent les débats du Grenelle. Il faut donc en être partie prenante pour jouer un rôle d’acteur industriel de premier rang. De même apporter des solutions, compte tenu de la taille et des enjeux dont le groupe est porteur, est une obligation.

Comment préparez-vous l’après pétrole ?

Le premier défi est d’apporter des solutions énergétiques par les hydrocarbures, matière principale du groupe, mais aussi de réfléchir aux autres alternatives, comme les énergies renouvelables. Les alternatives souffrent encore d’un manque d’effet de taille comme le Solaire photovoltaïque, encore trop petit à l’échelle de la demande énergétique mondiale. Il faut encore du temps afin de libérer les solutions techniques, de baisser les coûts, d’avoir de nouveaux moyens sans créer d’autres problèmes. L’autre pari est celui du charbon, qui possède aussi ses inconvénients : le dioxyde de soufre, d’azote, et l’émission de poussière, et surtout les émissions de CO2.

Le projet novateur du captage et stockage du CO2, pouvez-vous nous le décrire ?

Il existe une accumulation de CO2 car l’ensemble de la planète n’a pas la capacité de réabsorber ce CO2 émis par l’homme dans les océans et les écosystèmes terrestres. Alors pour éviter qu’il ne parte dans l’atmosphère, il est tentant de le capter, le comprimer et le réinjecter dans le sous-sol, dans certaines formations géologiques pour qu’il y reste le temps d’affiner d’autres solutions. Un pilote industriel nous ouvrira la voie dès 2011, car il faut deux ans d’injection et de surveillance et le passage en phase de déploiement à grande échelle dès 2015/2020.

Quels sont les moyens mis en place par Total pour sensibiliser le public ?

Nous investissons pour informer correctement les clients sur les produits novateurs qui permettent une émission réduite de CO2. Il est très encourageant de constater que nos clients évoluent eux aussi, de plus en plus sensibilisés au développement durable, avec le souhait de savoir quoi faire à travers le choix des produits qu’ils sont amenés à acheter et ensuite à l’utilisation qu’ils peuvent en faire. Comme par exemple le nouveau carburant excellium qui leur permet d’économiser en moyenne 3,7% d’énergie à l’utilisation.

Qu’est-ce-que les biocarburants ?

C’est un carburant qui intègre une certaine proportion de produits d’origine végétale ou animale, d’ascendance agricole. Total en est le principal distributeur à l’échelle européenne.

Votre lien avec les constructeurs automobiles ?

Il est bien sûr incontournable, comme le couple carburant-moteur : il est la garantie du constructeur afin que le moteur fonctionne de façon satisfaisante, qu’il respecte les conditions d’émissions. Ainsi toute la qualification de ces biocarburants se fait dans un travail en commun avec les constructeurs automobiles, que ce soit pour les véhicules particuliers ou les poids lourds. Nous travaillons beaucoup à la préparation d’une nouvelle génération de biocarburants qui fera appel à des ressources d’une autre nature : bois, paille, autres matières cellulosiques, déchets agricoles et forestiers.

Quelles sont les actions sociales mises en place par Total ?

Dans le cadre des Ressources Humaines, notre politique consiste à renforcer les institutions locales de formation pour qu’elles puissent répondre aux besoins de personnel. Elles doivent pouvoir assurer la formation d’un nombre suffisant d’acteurs capables de rejoindre nos projets et opérations.Sur la partie sociétale, nous avons des problèmes de cohabitation entre nos projets industriels et les riverains. Il faut veiller à la maîtrise des risques environnementaux et sanitaires, à une bonne cohabitation entre nos activités et la vie de ces personnes mais aussi apporter une véritable contribution au développement économique et social des communautés d’accueil.

Pourriez-vous donner un exemple concret de ce type d’aide ?

Nous essayons de contribuer au développement humain par des actions sur l’éducation et sur la santé. Egalement au développement économique, grâce à la batterie des outils du micro développement : l’utilisation de micro crédits par exemple, mais aussi des apports de compétences dans le domaine agricole ou artisanal.

L’environnement est parfois vécu comme une contrainte par certaines entreprises, mais d’autres en font le moteur de leur stratégie, quel est votre ressenti sur ce point ?

Nous ne sommes pas impliqués dans les métiers de l’environnement à proprement parler. Total est dans les métiers de l’énergie. A l’inverse, la maîtrise de la performance environnementale liée à nos activités, est un thème d’excellence, parce que nous n’avons pas le choix ; nous nous devons de maîtriser et de réduire l’impact environnemental de tout ce que nous faisons, c’est une responsabilité. En cherchant à travailler positivement, malgré l’augmentation des coûts, il en résulte des solutions efficaces. Total est reconnue dans sa maîtrise de l’environnement et est plus facilement choisi comme partenaire, au regard de ses performances dans ce domaine.

Quelle est l’action de Total dont vous êtes le plus fier ?

Le captage et stockage du CO2. Savoir aujourd’hui déclencher un tel projet, et le voir se réaliser en France, fait de Total une référence.

Dans quelle mesure un jeune entrepreneur, peut-il mettre en place une politique de développement durable à travers son activité ?

La bonne façon de rentrer dans le sujet est d’identifier ses parties prenantes. L’entreprise doit connaître les partenaires, les interroger pour savoir quelles sont leurs attentes sur cet axe du développement durable.

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