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Créer son entreprise en partant de rien

Emprunts bancaires, crowdfunding, love money, levée de fonds… Inutile de vous le cacher, la question du financement est centrale pour l’entrepreneur. Dans le montage financier de votre projet, certains vous diront d’augmenter les coûts de 20% afin de prévoir les imprévus et de diviser d’autant le chiffre d’affaires prévisionnel. Une pratique courante consiste à doubler les charges et de diviser par au moins deux les produits : on ne peut que vous conseiller la même chose.

Vous voici en train de réaliser que vous n’avez pas l’argent pour conduire votre projet dans de bonnes conditions, en tous cas pas assez pour être à la hauteur de vos ambitions. Est-ce réellement le cas ? Un petit tour d’horizon s’impose.

1 – Ne sous-estimez pas vos ressources

Chaque jour, je réalise (ou on me rappelle) douloureusement que mon entreprise a besoin de fonds pour atteindre la mesure de ses objectifs. C’est parfaitement juste, et bien entendu, nous en cherchons. Il reste que nous existons depuis presque un an et que nous fonctionnons encore sur les 10 000 euros du capital de départ.

Il ne s’agit pas d’un tour de magie, loin de là. Nous avons tiré et tirons quotidiennement parti de chaque centime de nos économies investi dans notre société, et surtout de chacune de nos compétences : nous avons ainsi fait du système D notre meilleure arme.

Notre logo ? Une tablette graphique achetée l’été dernier, des essais heureux et malheureux, et des dizaines d’échanges internes.

Notre communication ? Une présence à un maximum d’évènements gratuits et sur les réseaux sociaux, des centaines (milliers ?) de mails personnalisés, et le sourire, autant que possible, le sourire.

Que savez-vous faire ? Qu’êtes-vous prêt à apprendre pour ne pas avoir à solliciter un prestataire extérieur ? De qui pouvez-vous vous entourer pour faire ensemble le pari de la réussite de votre entreprise ? Pour chacune de ces ressources, en combien de temps ?

Répondre à ces questions, c’est d’ores et déjà faire l’inventaire de vos ressources. Avec ou sans fonds, en tous cas avec ce que vous avez, vous vous apercevrez très vite que la seule richesse essentielle est celle des compétences et de la motivation de votre équipe.

2 – Ne surestimez pas vos ressources

A l’inverse, ne surestimez pas le temps qui vous sera nécessaire pour effectuer certaines tâches, pour apprendre à les effectuer le cas échéant, ou enfin pour trouver, mobiliser et déléguer à des collaborateurs (associés, stagiaires, freelances…). Comme pour les charges et les produits, au bas mot, multipliez par deux ces délais, tout simplement parce que la route est longue, et que quelle que soit la force de votre motivation, certains jours, vous serez moins efficaces.

Ne surestimez pas davantage vos forces. Je ne compte plus les phases d’épuisement depuis notre lancement, et quelque part, j’aurais certainement dû le prévoir. J’apprends comme vous l’apprendrez à savoir me détacher de mon entreprise pour mieux y revenir, de temps en temps. Partant du principe que vous êtes votre première ressource, chérissez-la.

Enfin, qui dit budget limité ne dit pas budget inexistant, et l’évidence mérite d’être rappelée : n’oubliez pas de compter. Le cas des entreprises en difficulté pour des problèmes de trésorerie est tellement fréquent qu’il semblerait a priori inutile de le rappeler, et pourtant… Anticiper ces problèmes en tenant très régulièrement à jour sa comptabilité et son budget prévisionnel, en renonçant à certains engagements de dépenses finalement trop difficiles à honorer, en insistant sur le paiement de leurs factures par les clients et en négociant les délais de paiement avec les fournisseurs sont autant de démarches indispensables.

Vous n’êtes pas comptable ? Qu’importe ! Un tableur Excel fera parfaitement l’affaire, vous êtes parfaitement capable d’effectuer des additions et des soustractions (et si tel n’est pas le cas, apprenez !).

3 – Ecoutez, écoutez, écoutez

Entre la date de notre lancement et ce jour, des dizaines de concurrents ont vu le jour dans le monde sur un marché quasi-inexistant lors de notre création. Si la concurrence est à la fois un phénomène bénéfique pour votre client final, en ce qu’elle vous pousse à vous améliorer sans cesse, elle est aussi souvent très intimidante et il va sans dire que vous pourriez perdre énormément de temps paralysés par la peur.

Que le marché soit existant ou en création, la concurrence est une bonne chose, et la surveiller est un mal nécessaire, ne serait-ce que pour vous pousser à proposer un service de qualité toujours supérieure, et a minima distinctif.

De la même manière, vous pourriez être tenté de vouloir avoir une connaissance exhaustive des tenants et aboutissants de votre marché.

Il reste qu’il y a une juste mesure entre veille et surinformation, cette dernière étant particulièrement chronophage et au final peu nécessaire. Ce qui caractérise l’entrepreneur n’est pas sa capacité de veille ou de belles paroles, ce sont ses actions, le cas échéant ses réactions.

Ecoutez, veillez, renseignez-vous, recueillez autant d’études et d’avis qu’il vous semble nécessaire, mais n’oubliez jamais que les seuls avis pertinents sont ceux de vos clients, pas ceux des analystes et autres conseils.

L’accompagnement a ses limites, et le seul dont vous avez nécessairement besoin est celui de vos clients. Il existe désormais des dizaines de moyens simples et gratuits de recueillir leur avis, en ligne ou hors ligne (enquêtes qualitatives sous forme de questionnaire en ligne, par exemple). Effectuez cette démarche très régulièrement, elle vous fera gagner beaucoup de temps et d’argent.

4 – N’oubliez pas vos objectifs

Vous avez désormais réuni quelques économies pour commencer à travailler sur votre projet, recensé vos compétences, réussi à convaincre une ou deux personnes de vous suivre, voire une banque, vous avez fait quelques calculs pour déterminer des objectifs chiffrés en prenant garde aux délais de réalisation et à votre trésorerie, et vous avez été à la rencontre de vos futurs clients ou même, déjà, de vos clients.

Félicitations, vous avez passé la première étape, certainement la plus difficile, celle du pari entrepreneurial.

Quelques mois plus tard, la réalité vous rattrape : vous avez besoin de moyens financiers plus importants, et malheureusement, vous ne les aurez peut-être pas tout de suite.

Je vous le confirme, c’est très décourageant quand on travaille avec acharnement un nombre indécent d’heures par semaine, en particulier sans revenu.

Pour ma part, j’ai trouvé un emploi en télétravail à côté de mon entreprise, ce qui me permet de rester au maximum disponible pour cette dernière. Et certaines semaines, je suis tout simplement épuisée. Nous avons également lancé une opération de crowdfunding et les semaines à surveiller le compteur des contributions ont été nerveusement très difficiles. Nous travaillons enfin à notre première levée de fonds, dans une période où tout le monde nous dit que c’est extrêmement difficile.

Comment tient-on, quand reprendre une activité salariée serait, certains jours, tellement plus tentant que la poursuite de notre pari ?

Ce qui va sans dire va mieux en le disant : un objectif est un objectif quantifiable et réalisable, et il n’y a que ceux qui répondent à ces critères que nous cherchons à atteindre. Nous savons ce que nous souhaitons améliorer, ce que nous souhaitons offrir à nos clients, et à titre personnel comme professionnel, ce que nous en attendons. Mieux encore, nous remettons régulièrement à plat ces objectifs, en essayant autant que possible de maintenir leurs caractères quantifiables et réalisables.

5 – Sachez oublier vos objectifs

Inversement, « ce qui définit l’entrepreneur, c’est le risque qu’il prend » , et nous tentons chaque jour de ne pas oublier que l’échec de notre entreprise ne peut pas être un échec personnel. Beaucoup d’entreprises, et en particulier les entreprises innovantes, ne survivent pas. C’est une donnée que nous avons intégrée, et qui nous permet de relativiser les moments de doute, que vous connaîtrez aussi.

Vous partez à l’aventure, partir de rien ne signifie pas partir sans rien, et quel que soit le succès commercial de votre entreprise, vous en reviendrez toujours grandi.

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